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1679 point encore reçu de vos nouvelles[1]. Vous êtes à Lyon aujourd’hui ; vous serez à Grignan quand vous recevrez ceci. J’attends le récit de la suite de votre voyage depuis Auxerre. J’y trouve des réveils à minuit, qui me font autant de mal qu’à Mlles de Grignan ; et à quoi étoit bonne cette violence[2], puisqu’on ne partoit qu’à trois heures ? c’étoit de quoi dormir la grasse matinée. Je trouve qu’on dort mal par cette voiture ; et quoique je fusse prête à vous parler encore de tout cela, je trouve que recevant cette lettre à Grignan, vous ne comprendriez plus ce que je voudrois dire de parler de ce bateau : c’est ce qui fait que je vous parle de moi et de vous, ma chère enfant, dont je vois tous les sentiments pleins d’amitié et de tendresse pour moi[3].

Mlle de Méri me mande qu’elle est toujours comme je l’ai laissée, qu’elle me prie de vous le mander[4], afin que si sa tête ne lui permettoit pas de vous écrire, vous n’en fussiez point en peine ; j’irai descendre chez elle mardi[5]. Mme de Coulanges vint hier au soir bien tard avec sa sœur ; elle a enfin quitté Paris ; les étouffements ne sont point diminués. Elle me dit que M. de la Roche-Guyon[6]

  1. 5. Dans son édition de 1754, Perrin, au lieu des mots « n’ayant point encore reçu de vos nouvelles, » donne ce qui suit : « Je ne réponds à rien, et je ne sais point de nouvelles. »
  2. 6. « Et à quoi bon cette violence. » (Édition de 1754.)
  3. 7. « … ce que je voudrois vous dire en parlant de ce bateau : c’est pourquoi je passe à d’autres sujets. » (Ibidem.)
  4. 8. « De vous le faire savoir. » (Édition de 1734.)
  5. 9. Ce membre de phrase n’est pas dans le texte de 1784.
  6. 10. François de la Roche-Guyon, qui fut duc de la Rochefoucauld en 1714, né le 17 août 1663, mort le 22 avril 1728. Il fut maréchal de camp, grand maître de la garde-robe du Roi et chevalier de ses ordres. Louis XIV, en 1679, érigea en duché en sa faveur la terre de la Roche-Guyon, qui l’avait déjà été en 1663 pour son bisaïeul maternel Roger du Plessis, duc de Liancourt : voyez la lettre 753. Il épousa le 23 novembre 1679 Madeleine-Charlotte le Tellier, fille du mar-