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1680 vrai moyen de faire qu’elle épouse ce prince, en faisant qu’elle souffre pour lui et qu’il se fasse un honneur de ne la pas abandonner[1]. On dit que Mme de Vibraye sera dame d’honneur de Mme la princesse de Conti, mais avec tous les privilèges de dame du palais.

J’ai reçu ce matin une grande lettre de Mme de Villars ; je vous l’enverrois, sans qu’elle ne contient que trois points qui ne vous apprendroient rien de nouveau : les déplaisirs et les étonnements sur la disgrâce de M. de Pompone, dont vous sortez ; les nouvelles d’Espagne et les louanges de Mme de Grancey, que vous savez ; et beaucoup d’amitié, et d’estime, et de tendresse, et d’admiration involontaires pour vous, que vous connoissez[2]. Il me paroît de plus qu’elle se renferme fort chez elle, voulant éviter tous les airs d’empressement, afin d’éviter les fausses prophéties[3]. La Reine la veut voir incognito ; elle se fait prier, pour se donner un nouveau prix. La Reine est adorée ; elle a paru, pour la dernière fois, chez sa belle-mère[4], habillée et parée à la françoise : la voilà dévouée au garde-infante[5] ; elle apprend le françois au Roi, et il lui apprend l’espagnol : tout va bien jusqu’ici.


    sons ; l’un et l’autre doux et fort polis. » Voyez Saint-Simon, tome IV, p. 8 et 9 ; les Nièces de Mazarin, par Amédée Renée, p. 203 et suivantes ; et le tome XI du Nobiliaire universel de Saint-Allais.

  1. 21. « Voilà le vrai moyen de faire que Beauvais épouse ce prince, qui voudra se faire un honneur de ne la pas abandonner, voyant qu’elle souffre pour lui. » (Édition de 1754.)
  2. 22. « …qui ne vous apprendront rien de nouveau : l’estime, l’admiration et la tendresse que vous lui connoissez pour vous ; les déplaisirs et les étonnements sur la disgrâce de M. de Pompone, dont vous sortez ; les nouvelles d’Espagne et les louanges de Mme de Grancey, que vous savez. » (Ibidem.)
  3. 23. « Et faire mentir les prophéties. » (Ibidem.)
  4. 24. « Chez la Reine sa belle-mère. » (Ibidem.) — Anne d’Autriche, veuve de Philippe IV.
  5. 25. Le garde-infante ou garde-infant est, dit Furetière (1690), un