Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/178

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1680 pauvre Vibraye submergée dans les plaisirs ; il faudra bien qu’elle se mortifie, comme notre ami Tartuffe[1]. On avoit proposé cette place à Mme de Frontenac : cela conviendrait assez à la femme du gouverneur de Québec ; mais elle a répondu que son repos et Divine[2] valoient mieux qu’une vie si agitée et si brillante ; tout est bien, car Mme de Vibraye aussi peut être flattée qu’à son âge on l’ait prise pour être là. M. et Mme de Chaulnes vous font mille compliments : prenez leurs tons ; Mme de Coulanges cent mille : elle n’a pas voulu que son père achetât cette maison[3] ; j’en suis ravie.

J’ai toujours les échecs dans la tête : je crois que je n’y jouerai jamais bien. Hébert donne six fois de suite échec et mat à Corbinelli, qui enrage : voilà ce qu’il a gagné à l’hôtel de Condé. Ma fille, je vous dis adieu : j’attends avec impatience de vos nouvelles ; car pour voir de grosses lettres, c’est ce que je crains présentement plus que toutes choses. C’est ainsi que l’on change, selon les dispositions, mais toujours, ma très-chère, par rapport à vous, et à cette tendresse qui ne change point, et qui est devenue mon âme même : je ne sais pas trop si cela se peut dire ; mais je sens parfaitement que de vivre et de vous aimer, c’est la même chose pour moi.


    p. 162 et sur ce détail d’étiquette, deux notes de Saint-Simon, au Journal de Dangeau, tome II, p. 129 et 148.

  1. 15. Voyez la dernière scène de l’acte III de la comédie

    tartuffe

    Hé bien ! il faudra donc que je me mortifie.

    — Il paraît que Mme de Vibraye était accusée de jansénisme. Elle ne fut pas nommée ; Mme Colbert fît nommer à sa place la comtesse de Bury. Voyez plus loin la lettre du 26 janvier.

  2. 16. Mlle d’Outrelaise, amie intime de Mme de Frontenac. (Note de Perrin.) — Voyez tome II, p. 192, notes 5 et 6.
  3. 17. L’hôtel de Carnavalet. (Note du même.)