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1680 vous ai mandé : ces réponses justes sont trop longues à venir pour être nécessaires à notre commerce. Dites moi quelque chose en trois lignes de votre santé, de votre état, un mot d’affaires s’il le faut, et pas davantage, à moins que vous ne trouviez quelque charitable personne qui veuille écrire pour vous.

Le chevalier est au coin de son feu, incommodé d’une hanche : c’est une étrange chicane que celle que lui fait ce rhumatisme. Mme de S*** est toujours enfermée chez elle : elle dit qu’elle a la rougeole ; on croit qu’elle durera quelque temps[1]. Elle a prétendu avoir les entrées de dame d’honneur : les Majestés ne l’entendoient pas ainsi. Elle dit que la pension n’étoit pas une chose qui pût l’apaiser ; il faut qu’elle ait dit plusieurs autres choses encore. Enfin elle est à Paris ; rien n’est vrai que cela, le reste est trouble, et chacun dit ce qu’il veut. Madame la Dauphine a écrit des lettres si raisonnables, si justes, si droites, qu’on est entièrement persuadé de son très-bon esprit. Son portrait ne paroît pas d’une belle personne. Vous avez vu comme la prophétie d’une seconde dame d’atour[2] a été heureusement accomplie.

Gordes n’est pas encore arrivé : j’ai bien envie de voir un homme qui vous a vue. Vous m’envoyez donc des étrennes, ma très-chère ; j’ai bien peur qu’elles ne soient trop jolies : les miennes sont d’une légèreté que la bise doit emporter. Je n’ai rien ouï dire de celles de Saint-Germain. Madame Royale fut transportée de son écran[3] ;

  1. 2. Voyez la lettre précédente, p. 162. — Dans le texte de 1754 : « ...disant qu’elle a la rougeole ; on croit que cette maladie durera quelque temps. »
  2. 3. Mme de Maintenon. Voyez la lettre du 13 décembre précédent, p. 142.
  3. 4. Voyez ci-dessus, p. 143-146. — Le duc de Savoie, après avoir renoncé à’l’alliance du Portugal, épousa, le 10 avril 1684 Anne-