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1679 l’esprit charitable de souhaiter plaies et bosses à tout le monde est extrêmement répandu. Il y a de certaines choses au contraire sur quoi on se trouve disposé à souffler du bonheur, comme du temps des fées. Le mariage de Mademoiselle de Blois plaît au yeux. Le Roi lui dit d’écrire à sa mère[1] ce qu’il faisoit pour elle. Tout le monde a été lui faire compliment[2] ; je crois que Mme de Coulanges m’y mènera demain. Je veux voir aussi la petite du Janet[3] : je serai lundi à sa prise d’habits, et je lui fais donner tous ses habits par la Bagnols. Monsieur le Prince, Monsieur le Duc sont courus chez cette sainte fille et mère, qui a parfaitement bien accommodé son style à son voile noir, assaisonnant parfaitement sa tendresse[4] de mère avec celle d’épouse de Jésus-Christ. Les princes[5] ont poussé leurs honnêtetés jusqu’à Mme de Saint-Remy et sa fille, et une vieille tante obscure qui demeure dans le faubourg : en vérité, ils ont raison de pardonner au côté maternel en faveur de l’autre. Le Roi marie sa fille non comme la sienne, mais comme celle de la Reine[6], qu’il marieroit au roi d’Espagne : il lui donne cinq cent

  1. 11. Mme de la Vallière. — Dans le texte de 1754 : « de mander à sa mère. »
  2. 12. « Tout le monde a été faire compliment à cette sainte carmélite. » (Édition de 1754.)
  3. 13. Fille sans doute du gentilhomme provençal de ce nom, dont il est souvent parlé dans la Correspondance : voyez la lettre du 5 janvier suivant, p. 175, et tome III, p. 327 et note 1. — Cette phrase ne se trouve que dans notre manuscrit. Le texte de 1734 ne reprend qu’à : « Le Roi marie sa fille. »
  4. 14. « Monsieur le Prince et Monsieur le Duc ont couru chez elle ; on dit qu’elle a parfaitement bien accommodé son style à son voile noir, et assaisonné sa tendresse, etc. » (Édition de 1754.)
  5. 15. Cette phrase ne se lit que dans notre manuscrit. — Sur Mme de Saint-Remy, voyez plus haut, p. 27, la fin de la note 10.
  6. 16. « Le Roi marie sa fille comme si elle étoit celle de la Reine. » (Édition de 1754.)