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1679 du 30e. Il y est seul et va s’embarquer. Cette pauvre Mme d’Oppède est demeurée par les chemins ; son fils malade à Cosne, et sa fille à Rouanne[1] ; tout est semé de son train. Quel embarras ! Je la plains. Elle donnoit de l’argent à dépenser à ses gens. Ainsi les dix écus que nous pensions inutiles à ce garçon lui auront été bons. Il est un peu rude sur la dépense ; il ne parloit pas de moins que d’un écu par jour par les chemins ; nous nous moquâmes de lui ; nous croyons que si vous lui donnez vingt-cinq ou trente sols, à cause de sa maladie, qui le rend délicat, c’est le bout du monde. Nous vous compterons sa garde, ses bouillons ; mais depuis notre retour de Livry, qu’il étoit pêle-mêle avec nos gens, assurément vous n’en entendrez pas parler. Vous ne payez que trop bien vos hôtes ; je travaille à ce que je dois de reste. Nous ferons repartir Saint-Laurens le plus tôt que nous pourrons.

Nous saurons demain le jour du retour[2] de l’abbé de Grignan, qui a fait encore un second voyage à Saint-Germain, de ces voyages qui me donnent tant de peine. En vérité, vous êtes trop heureux de les avoir tous pour résidents à la cour de France : ils désapprouvent bien votre affaire de Toulon[3] ; ils disent que si on vouloit se brouiller à feu et à sang avec le gouverneur, il ne faudroit pas autre chose. Nous espérons que celle des blés sera plus praticable.

  1. 8. Le manuscrit ne donne pas Rouanne, mais Rouage.
  2. 9. Dans le manuscrit : « le jour au retour. »
  3. 10. Nous ne savons ce que pouvait être cette affaire de Toulon. Quant aux blés, il s’agissait sans doute d’en faciliter l’arrivage en Provence : nous voyons dans le compte rendu de l’assemblée de 1678 (p. 61) que des convois de grains, commandés par les procureurs du pays en Bourgogne, Bresse et Languedoc, avaient été arrêtés en route, et que l’Intendant avait été supplié d’obtenir des passe-ports du Roi.