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1679 mari. Écrivez donc, mon cher Comte, c’est votre amie ; il faudroit quasi vous en faire des compliments.

La petite de Monchi n’a point eu la petite vérole ; c’étoit le pourpre, dont Sanguin[1] l’a guérie. Je crains que les civilités que vous êtes obligée de faire à Aix ne vous fatiguent ; allez vous reposer dans votre cabinet : la solitude vous est quelquefois nécessaire ; Mlles de Grignan feront les honneurs. Pauline m’a écrit une lettre charmante ; son style nous plaît beaucoup ; Mme de la Fayette en oublia l’autre jour une vapeur, dont elle étoit suffoquée. Comment gouvernez-vous Roquesante, et toutes vos dames que je connois ? Vous me ravissez, en me priant absolument de vous donner cette écritoire : je ne crois pas que ces deux mots-là se soient jamais trouvés ensemble ; vraiment, ma fille, vous m’avez bien réjouie de me la demander si nettement ; je ne vous dis plus si c’étoit mon dessein ou non : quand je ne le voudrois pas, il faudroit bien en passer par là, de la manière que vous le prenez. Il vaut donc mieux faire la chose de bonne grâce.

Adieu, ma fille je vous embrasse de tout mon cœur.

    la maréchale de Clérembaut. (Note de Perrin.) D’un autre côté, Madame dit (tome I, p. 397 et 398 de sa Correspondance) : « Comme on vit que la maréchale de Clérembaut m’était attachée, on l’éloigna et l’on mit ma fille entre les mains de la maréchale de Grancey, qui était la créature du chevalier de Lorraine, le plus acharné de mes ennemis, et dont la fille cadette était la maîtresse déclarée de ce chevalier. On peut croire quel bel exemple c’était là pour ma fille ; mais ni mes remontrances, ni mes prières n’eurent aucun effet. » La maréchale de Grancey était cousine germaine de la marquise d’Effiat, à qui elle survécut de dix ans et à qui elle succéda. Saint-Simon, dans une addition au Journal de Dangeau (tome XVI, p. 466), dit positivement que Mme d’Effiat fut « gouvernante des enfants de Monsieur, entre les maréchales de Clérembaut et de Grancey. »

  1. 27. Voyez tome V, p. 76, note 5.