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1679 reçues. L’abbé a parlé très à propos de l’envie qu’avoit la Provence de donner à Monsieur le Coadjuteur une place dans l’assemblée, mais qu’on ne vouloit rien entendre qu’on ne fût assuré de l’approbation de Sa Majesté, et qu’elle ne le crût capable de la servir dans cette province. M. Colbert a écouté obligeamment, et a dit qu’il en parleroit au Roi, et qu’il ne doutoit pas, etc.[1]. Enfin, le bel abbé a donné à tout cela un tour admirable. Parère a promis de donner l’ordonnance pour le courrier, c’est-à-dire cinq cents écus, comme l’année passée[2]. L’abbé a bien plus de pouvoir en tout cela que moi ; ainsi vous voyez clairement l’accablement, d’affaires que vous me donnez, et le bel usage que je fais de toute ma bonne volonté. Me voilà précisément comme la mouche[3] : je me mets sur le nez du cocher, je pousse la roue, je bourdonne, et fais cent sottises pareilles, et puis je dis :


J’ai tant fait que nos gens sont enfin dans la plaine.

  1. 14. Le 7 décembre de l’année suivante, le Coadjuteur fut en effet nommé tout d’une voix, par l’assemblée des communautés de Provence, à l’une des deux places de procureur du pays joint pour le clergé ; il remplaça l’ancien évêque de Marseille, qui venait d’être transféré à Beauvais, et comme plus ancien prélat sans doute (et en l’absence de l’archevêque d’Aix, premier procureur né du pays), il eut le droit de présider l’assemblée. Voyez les lettres des 5 et 17 avril suivants.
  2. 15. Le 17 novembre, immédiatement après avoir accordé les six cent cinquante mille francs qu’on lui demandait pour le Roi, l’assemblée de Lambesc avait, suivant l’usage, voté mille livres pour l’envoi d’un courrier chargé de porter l’offre du don gratuit ; ce courrier devait être arrivé depuis longtemps et n’avait sans doute pas à faire ordonnancer par le ministère une dépense de l’assemblée. Il doit s’agir d’un courrier particulier du comte de Grignan. Sur les communications fréquentes et dispendieuses de la cour avec ses agents pendant la tenue des états provinciaux, voyez l’introduction de M Depping, au tome I. p. xii et xiii de la Correspondance administrative sous Louis XIV.
  3. 16. Voyez le Coche et la Mouche, fable ix du livre VII de la Fontaine.