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notre ancienne amitié demande, si elle vous avoit redonnée à moi par un attachement qui convînt à M. de Grignan[1] ; elle est touchée de ce plaisir, et se trouvant près de la faveur, elle ne souhaite que des occasions ; elle les attend, et on les doit toujours espérer de l’inconstance des choses humaines. Langlade est de moitié avec elle ; il a fait la révérence au Roi, mais c’est au pied de la lettre ; car le Roi ne lui dit pas un mot, mais un visage doux. Je vous embrasse de tout mon cœur, ma très-aimable[2] ; je m’en vais dîner chez la marquise d’Uxelles ; elle m’a mandé que ce M. du Pile[3] m’en prie ; Tréville et M. de la Rochefoucauld y seront : cela s’appelle la petite société. Mme de Lavardin est enrhumée à crever ; elle est au lit, et Mme de Mouci à son chevet ; la marquise et moi sur les ailes, car nous sommes dix degrés plus bas. Adieu, ma très-chère conservez-moi la personne de tout le monde qui m’est la plus chère ; vous savez bien[4] que je dis vrai. Je ne sais point de nouvelles ; le chevalier vous en dira, il en sait toujours de vraies ou de fausses.

  1. 15. C’est-à-dire en fixant M. de Grignan à la cour.
  2. 16. Ce premier membre de phrase manque dans le texte de 1754, qui donne à la ligne suivante me mande, au lieu de m’a mandé.
  3. 17. Voyez ci-dessus, p. 65, note 7.
  4. 18. « Vous croyez bien. » (Édition de 17S4.)