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meur de ma mère ; je vous prie que ce soit l’humeur de ma fille, et de ne vous point repentir de m’avoir fait sentir vos douleurs[1], puisque vous m’avez aussi fait sentir votre joie ; et n’est-ce pas là le vrai commerce de l’amitié ? Ah oui, ce l’est, et je n’en connois point d’autre.

M. et Mme de Pompone et Mme de Vins sont allés à Pompone (mon Dieu ! je crains cet abord pour eux), où ils trouveront[2] cinq garçons tout d’une vue, et cette maison où il n’a que trop de temps et trop de loisir pour demeurer : il me semble que c’est une grande tristesse que de revoir tout cela. J’ai envoyé vos lettres ; vous avez très-bien fait de les écrire. La petite femme[3] est à cet hôtel de la Rochefoucauld, toute gaillarde et toute drue ; si elle ne se polit avec tant de polisseurs et de polisseuses, il faudra conclure que l’éducation est une fable de la Fontaine[4].

Que dites-vous[5] de l’occasion d’un joli appartement dans cette rue[6] que Mlle de Méri va laisser échapper par ses irrésolutions. M. de la Trousse, qui vient d’arri-


    rois, au préjudice de la consolation que je trouverois à lui faire part de ma peine. » (Édition de 1754.)

  1. 4. « Et de n’avoir point de regret aux douleurs que vous m’avez fait sentir. » (Ibidem.)
  2. 5. « …sont allés à Pompone ; mon Dieu ! je crains cet abord pour eux : ils y trouveront, etc. » {Ibidem.)
  3. 6. Mme de la Roche-Guyon, fille de Louvois.
  4. 7. C’est la fable xxiv du livre VIII. Mme de Sévigné y a déjà fait allusion plusieurs fois. — Le texte de 1754 porte : « n’est qu’une fable de la Fontaine. ».
  5. 8. Le commencement de cet alinéa se lit ainsi dans la première édition de Perrin (1734) : « Je crois que je pleurerai la perte de l’occasion de ce joli appartement dans cette rue, que Mlle de Méri va laisser échapper par ses irrésolutions : tous ceux qui l’ont vu en sont ravis. Il faudroit commencer par se planter là. »
  6. 9. Dans la rue Culture-Sainte-Catherine, au Marais.