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1679 parqueté, sur le derrière de la maison, le plus joli du monde. C’est vis-à-vis des Filles bleues[1], une porte cochère, une cour, un petit jardin. C’est une maison qui est à M. et Mme de Cailly, notre défunte cousine. Il y loge et n’est jamais à Paris ; il est honnête et joli, et ne songeroit qu’à lui plaire. Sur le devant est une femme âgée, réglée, posée, qui ne peut jamais l’incommoder. Quelle rue ! quel quartier ! et le tout pour cent écus ! C’est pour Noël ; demandez au chevalier si je mens ; c’est pour Pâques qu’elle le voudroit, mais laisse-t-on échapper de telles occasions ? Quelquefois on méprise ce qui se trouve si aisément.

Voici une autre affaire. Nous étions les trois Grignans, y compris la Garde, hier au soir chez Mme de Pompone. Ils furent bien contents de la contenance de M. de Pompone : il ne s’y peut rien souhaiter. Nous parlâmes de ce maître d’hôtel : ma fille, il faut que vous le preniez ; c’est un homme à ne pas laisser prendre à d’autres. Depuis quatre ans M. de Pompone n’a pas trouvé sujet de lui faire la moindre réprimande. C’est un homme qui fait paroître et valoir la dépense, et qui conduit et règle tout avec un sens et une économie admirable. Enfin M. de Pompone vous conjure de le prendre sur sa parole. M. de Grignan et le bon abbé en sont d’avis ; ainsi j’ai prié M. de Pompone de l’engager : c’est un coup de partie pour vous. Vous me direz : « Que ne le garde-t-il ? » ah ! c’est qu’ils veulent leur valet de chambre, et que leurs biens ne comportent plus de tels appointements ; mais vous donnez cent écus à Regnaut ; ah, bon Dieu ! quelle comparaison !

J’ai votre tome de Montagne ; je ne savois à qui c’étoit. Je vous le renverrai tout marqué à l’endroit du maréchal

  1. 51. Voyez la lettre suivante, p. 116, et tome V, p. 347, note 7.