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ne lui soit insupportable présentement[1] : cette trop grande liberté d’y être lui donnera du dégoût, et lui fera souvenir qu’il a contribué à son malheur[2]. Ne sera-ce point comme l’abbé d’Effiat, qui disoit, pour marquer son chagrin contre Véret, qu’il avoit épousé sa maîtresse[3] ? Mais non, car tout cela est fou, et il est sage[4].

Vous me parlez de votre homme de la Trappe, qui étoit votre recteur de Saint-Andiol[5] : vous devez avoir eu de grandes conversations avec lui ; rien n’est plus curieux que de savoir d’original ce qui se passe dans cette maison. Le dîner que vous me dépeignez est horrible ; je ne comprends point cette sorte de’mortification ; c’est une juiverie, et la chose la plus malsaine[6]. Ces capucins que je vis à Pompone en ordonnent partout : je ne sais pas si les pauvres gens savent les conséquences[7], mais ils ne croient rien de si salutaire ; ils disent qu’un peu d’esprit de sel dans ce qu’on boit chasseroit pour jamais toute sorte de néphrétique. Je crois que Villebrune[8] avoit senti la vertu de ce présent du ciel. En vérité, je ne suis point édifiée de cette sale mortification.

Vous me parlez toujours si bien du soin que vous avez

  1. 30. « Que le séjour de Pompone. ne lui devienne insupportable par un caprice qui arrive souvent. » (Édition de 1784.)
  2. 31. « Et le fera souvenir que ce Pompone a contribué à son malheur. » (Ibidem.)
  3. 32. Voyez tome V, p. 254.
  4. 33. « Et M. de Pompone est sage. » (Édition de 1754.)
  5. 34. Dans les deux éditions de Perrin : « …de votre homme de la Trappe. Quoi ! c’étoit votre recteur de Saint-Andiol ! »
  6. 35. Dans les deux éditions de Perrin : « Et la chose du monde la plus malsaine. » — L’édition de 1734, au lieu de juiverie, donne minerie ; serait-ce une faute de copie ou d’impression pour moinerie ?
  7. 36. « En savent les conséquences. » (Éditions de 1734 et de 1754.)
  8. 37. C’étoit un ex-capucin qui se mêloit de médecine. Voyez la lettre du 15 décembre 1675 (tome IV, p. 281, note 22). (Note de Perrin.)