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1676 digne ; mais je vous défie de deviner son nom ; quoi que vous puissiez dire, je vous dirai toujours, c’est autrement : c’est qu’il s’appelle Autrement. Ma chère, j’ai trouvé ce nom admirable[1]. Je lui apprends à nouer des rubans : en un mot, je crois que vous vous en trouverez fort bien

Mme Cornuel étoit l’autre jour chez Berrier[2], dont elle est maltraitée ; elle attendoit à lui parler dans une antichambre qui étoit pleine de laquais. Il vint une espèce d’honnête homme, qui lui dit qu’elle étoit mal dans ce lieu-là. « Hélas ! dit-elle, j’y suis fort bien : je ne les crains point tant qu’ils sont laquais. » Voilà ce qui a fait éclater de rire M. de Pompone, de ses rires[3] que vous connoissez : je crois que vous le trouverez fort plaisant aussi.

Monsieur le Cardinal m’écrit, du lendemain qu’il a fait un pape : il m’assure qu’il n’a aucun scrupule (vous savez comme il a évité le sacrilége du faux serment[4] ; il faut que les autres y trouvent un grand goût, puisqu’il n’est pas nécessaire), et que pour le pape, il est encore

    du 3 avril 1686). « Son père servit toute sa vie avec réputation, et commanda les armées impériales avec succès, après avoir commandé l’aile gauche à la bataille de Leipsick. » (Saint-Simon, tome II, p. 392.)

  1. 18. Dans l’édition de 1754, l’alinéa se termine ainsi : C’est qu’il s’appelle Autrement. N’est-ce pas là un nom bien propre à ouvrir l’esprit à des pointilleries continuelles ? — La forme allemande de ce nom était probablement Otterman ou Osterman. Voyez le savant ouvrage de M. Pott sur les noms de personnes (die Personennamen, insbesondere die Famileinnamen) Leipsick, 1859, p. 48, 177 et 238.
  2. 19. Voyez tome I, p. 448, note 5, et p. 471, note 6.— Dans l’édition de 1754 il n’y a que l’initiale B**
  3. 20. « De ces rires. » (Édition de 1754.)
  4. 21. Sans doute en persuadant à sa cour de ne pas s’opposer au choix d’Odescalchi, le plus digne, paraît-il, des candidats, mais auquel la faction de France avait d’abord préféré le cardinal Rospigliosi. Nous voyons dans l’Histoire des Conclaves (Cologne, 1703, tome II), que le 13 septembre (quinze jours environ après l’arrivée de Retz et de ses collègues à Rome), un courrier de France apporta le consentement qu’on demandait pour Odescalchi. Voyez