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1676 quiétée, et d’aller à Fresnes voir Langlade, qui y a pensé mourir du même mal que Mme de Coulanges, et a eu plus qu’elle[1]l’extrême-onction. Enfin, elle a été soulagée de tous les côtés, sans avoir quitté sa place. Je disois l’autre jour à Mme de Coulanges que Beaujeu avoit eu sur elle l’extrême-onction, et qu’on lui avoit crié : Jesus Maria ! Elle me répondit avec une voix de l’autre monde : « Eh, que ne me le crioit-on ? je le méritois autant qu’elle. » Que dites-vous de cette ambition ? Écrivez au petit Coulanges : il a été digne de compassion ; il perdoit tout en perdant sa femme. Ce fut[2] une chose fort touchante quand elle fit écrire à M. du Gué[3] pour lui recommander M. de Coulanges, et cela par conscience et par justice, reconnoissant de l’avoir ruiné, et demandant à M. et à Mme du Gué cette marque de leur amitié comme la dernière : elle leur demandoit pardon, et leur bénédiction en même temps. Je vous assure que ce fut une scène fort triste. Vous écrirez donc à ce pauvre petit homme ; il est parfaitement content de mon amitié : en vérité, c’est dans ces occasions qu’il la faut témoigner.

Votre petit Allemand paroît extrêmement adroit au bon abbé ; il est beau comme un ange, et doux et honnête comme une pucelle. Il va répéter son allemand chez Monsieur de Strasbourg[4]. Je l’ai fort exhorté à se rendre

  1. 14. « De plus qu’elle. » (Édition de 1754.)
  2. 15. Tout ce passage, jusqu’à : « il est parfaitement content de mon amitié, » manque dans l’édition de 1734.
  3. 16. Père de Mme de Coulanges, intendant de Lyon. (Note de Perrin.)
  4. 17. François-Égon, prince de Furstemberg, fils d’Egon, comte de Furstemberg, et d’Anne-Marie, princesse de Hohenzollern, né le 27 mai 1626, fut évêque de Strasbourg du 19 janvier 1663 au 1er avril 1682, date de sa mort. Il avait été ministre de l’électeur de Cologne, et évêque de Metz de 1658 à 1663. Il était frère aîné du futur cardinal de Furstemberg (Guillaume-Égon : voyez la lettre