Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/90

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1676 coup. Je vous dirai donc in poche parole[1], Madame la Comtesse, que nous ne savons encore ce que l’on fera le reste de la campagne, et si M. de Lorraine[2] demeurera les bras croisés. Ecco il punto[3]. On est aussi en peine de M. de Zell, qui marche vers la Moselle. M. de Schomberg doit avoir passé la Sambre dès le 27e, et marché vers Philippeville ; il lui sera facile d’envoyer des troupes à M. le maréchal de Créquy[4].Vous savez tous les démêlés qui sont arrivés dans le conclave : si cela venoit jusques à l’Éminence souveraine[5], vous ne feriez pas mal de vous transporter à Rome, pour lui offrir votre bras ; s’il est vrai que l’élection ne se fasse pas sitôt, vous aurez le temps. Je fus hier une partie de la journée à la porte de Richelieu, où les dames sont bien intriguées pour leurs ornements de Villers-Cotterets[6] : ce que je puis vous dire, est que l'Ange[7] sera des plus magnifiques. À mon ordinaire je frondai cette dépense, mais je fus traité de vieux rêveur et de Pantalon. Je souffris patiemment toutes ces injures, parce qu’il ne m’en coûtoit rien. On m’au-

  1. 2. En peu de paroles.
  2. 3. Le prince Charles de Lorraine venoit de prendre Philisbourg, après quatre-vingt-dix jours de tranchée ouverte. (Note de Perrin.) — « … Ce que l’on fera le reste de la campagne. M. de Lorraine demeurera-t-il les bras croisés ? » (Édition de 1754.)
  3. 4. Voilà le point, c’est-à-dire c’est là la question.
  4. 5. La Gazette du 3 octobre annonce que l’équipage du duc de Zell a passé à Hanovre, « ce qui feroit croire que ses troupes vont du côté de la Moselle. » Un autre article contenu dans le même numéro et daté de Charleroi, 29 septembre, dit que l’armée du maréchal de Schomberg est à trois heures de Philippeville ; enfin, toujours dans la Gazette du 3, il est parlé de divers corps de troupes qui vont joindre le maréchal de Créquy.
  5. 6. Plusieurs voix avaient été données au cardinal de Retz, par suite d’une intrigue du cardinal Altieri, chef d’une des sept factions qui divisaient le conclave.
  6. 7. Voyez la lettre du 16 octobre suivant, p. 107, 108, et la note 16.
  7. 8. Mme de Grancey.