Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/8

Cette page a été validée par deux contributeurs.

1676un crâne tout comme aux autres. Bourdelot m’a dit la même chose, et que les os[1] se font les derniers. Il m’envoie promener, c’est-à-dire à Livry, de peur que l’habitude de faire de l’exercice dans cette saison ne me regonfle la rate, d’où viennent mes oppressions : il sera donc obéi. Je crois que vous devez être contente de la longueur de cet article. Il paroît que la Brinvilliers est morte, puisque j’ai tant de loisir.

Il reste Penautier[2] ; son commis Belleguise est pris : on ne sait si c’est tant pis ou tant mieux.[3] Pour lui, on est si disposé à croire que tout est à son avantage, que je crois que nous le verrions pendre, que nous y entendrions encore quelque finesse. On a dit à la cour que c’est le Roi qui a fait prendre ce commis dans les faubourgs. On blâme la négligence du parlement ; et quand on y a bien regardé, il se trouve que c’est à la diligence et à la libéralité du procureur général,[4] à qui cette recherche a coûté plus de deux mille écus. Je fus hier une heure avec lui à causer agréablement : il cache sous sa gravité un esprit agréable et très-poli ; M. de Harlay Bonneuil étoit avec moi : je n’ose vous dire à quel point je fus bien reçue ; il me parla fort de vous et de M. de Grignan.

  1. 2. On lit les os dans les éditions de 1734 et de 1754, qui sont pour cette lettre nos sources les plus anciennes. Dans l’édition de 1818 les a été changé en ces, par une conjecture assez vraisemblable : les lettres l et c ne se distinguent pas toujours fort aisément l’une de l’autre dans l’écriture de Mme de Sévigné. — Sur Bourdelot, voyez tome II, p. 516, note 3, et tome IV, p. 262, note 17.
  2. 3. « Il reste à parler de Penautier. » (Édition de 1754.) Voyez tome IV, p. 497, note 5.
  3. 4. C’est ainsi que la phrase est coupée dans l’édition de 1734 ; on lit dans celle de 1754 : « si c’est tant mieux ou tant pis pour lui ; on est si disposé, etc. »
  4. 5. Achille de Harlay, depuis premier président. (Note de Perrin.) — Sur son cousin germain Harlay Bonneuil, nommé un peu plus bas, voyez tome II, p. 433, la fin de la note 2.