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1676 et cela m’a a empêché d’aller à Livry. Cependant je n’en quitte pas encore le dessein ; mais j’y veux aller coucher. Mandez-moi si l’abbé m’y pourra donner un lit. Je vous porterai des mémoires, que je veux lire avec vous. J’aime les louanges à tous les beaux endroits, et si vous les lisiez sans moi, vous ne m’en donneriez qu’en général pour tout l’ouvrage.

Mon partisan est si bien caché que je ne le saurois plus retrouver ; je le cherche pourtant toujours.

Votre nièce de Coligny et le posthume se portent à merveilles : elle a une bonne contenance avec lui ; sans lui elle ne seroit pas décontenancée.

Le mariage de votre nièce filleule[1] est rompu dans le temps que nous prétendions faire la noce, et que grâces à sa sœur de Coligny, nous avions trouvé les douze mille écus qu’on demandoit ; le prétendu mari[2] arriva caché à Paris, et lorsqu’au bout de huit jours nous découvrîmes qu’il y étoit, on nous dit qu’il venoit d’épouser la petite Lombard. Je ne sais si ce nom vous est connu, mais je ne pense pas qu’il le soit au Bouchet[3].Je ne trouve pas la chanoinesse trop malheureuse de s’être sauvée des griffes d’un si grand fou.

Adieu, Madame : aimez-moi toujours, et croyez que personne ne vous aime tant que je fais ; je n’excepte pas même la belle Madelonne.

  1. 2. Marie-Thérèse de Rabutin, chanoinesse de Remiremont. Voyez sur ce mariage rompu la lettre du 1er juillet précédent, tome IV, p.508.
  2. 3. On lit en marge dans notre copie le nom de ce prétendu : Marivaux, écrit d’une autre main que celle de Bussy. — Plus haut la même main a écrit en interligne, au-dessus des mots : Votre nièce filleule, le nom que porta cette nièce après son mariage : Mme de Montataire. Voyez les notes 15 et 16 de la p. 508 du tome IV.
  3. 4. Du Bouchet, généalogiste. Voyez tome I, p.521, note 1.