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1676 vez ; vraiment c’est la plus agréable chose et la mieux écrite, et le plus naturellement qu’on puisse voir[1] : je la veux montrer à mon P. le Bossu ; c’est mon Malebranche : il sera ravi de voir votre esprit dans cette lettre ; il vous répondra, s’il le peut ; car quand il ne trouve point de raisons, il ne met point de paroles à la place. Je suis assurée que vous aimeriez la naïveté et la clarté de son esprit. Il est neveu de ce M. de la Lane[2] qui avoit une si belle femme :

Oh ! trop heureux d’avoir une si belle femme[3] !

Le cardinal de Retz vous a parlé vingt fois de sa divine beauté. Il est neveu de ce grand abbé de la Lane,[4]janséniste : toute sa race a de l’esprit, et lui plus que tous ; il est cousin de ce petit la Lane qui danse. Voyez[5]où je me suis engagée ; cela étoit bien nécessaire.

  1. 3. « C’est la plus agréable chose et la mieux écrite qu’on puisse voir. » (Édition de 1734.) — « C’est la plus agréable chose qu’on puisse voir. » (Édition de 1754.)
  2. 4. Pierre de la Lane, mort vers 1661. Il paraît avoir été attaché à la maison de Retz. Il avait épousé, vers 1638, Marie Galateau de Roche, dont la beauté a été célébrée par Ménage et Chapelain. Il la perdit au mois d’octobre 1644, et ce malheur développa en lui un beau talent. Il a laissé un petit nombre de poésies, dans lesquelles il déplore la perte de son Amarante. Voyez l’édition que Saint-Marc a donnée de ce poëte en 1759. (Note de l’édition de 1818.) — Pierre de la Lane était fils d’un garde-robe du conseil privé. Voyez Tallemant des Réaux, tome VI, p. 281, 282 et à la p. 292 l’épitaphe composée par Chapelain pour Mme de la Lane.
  3. 5. Ce vers ne se trouve que dans notre copie ; c’est le dernier de la scène xv du Sganarelle de Molière.
  4. 6. Noël de la Lane, abbé de Notre-Dame de Valcroissant, docteur de Sorbonne. Il fut l’un des principaux théologiens que les évêques de France envoyèrent à Rome, pour défendre la doctrine de saint Augustin sur la grâce. Il mourut en 1673, à l’âge de cinquante-cinq ans. Il paraît résulter de ce passage de Mme de Sévigné que l’abbé de Valcroissant était frère du poète. (Note de l’édition de 1818.)
  5. 7. « Voyez un peu. » (Édition de 1754.