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1676 à ces grossières vapeurs. Tout est sain ici : l’idée que vous en avez n’est pas juste. La Mousse est en Poitou avec Mme de Sanzei. Il est vrai que lui et Corbinelli sont trop d’accord pour divertir les spectateurs. Corbinelli vous croit aussi habile que le P. Malebranche[1] : vous pouvez vous humilier tant qu’il vous plaira ; vous serez exaltée malgré vous.

C’est le livre du petit marquis que je lis[2] ; j’ai aussi celui de M. d’Andilly[3] qui est admirable ; je lis le Schisme d’Angleterre[4]qui est extrêmement beau ; et par-dessus tout cela, des livres de furie du P. Bouhours, jésuite, et de Ménage, qui s’arrachent les yeux, et qui nous divertissent. Ils se disent leurs vérités, et souvent ce sont des injures ; il y a aussi des remarques sur la langue françoise, qui sont fort bonnes. Vous ne sauriez croire comme cette guerre est plaisante[5]. Le père prieur nous fait une très--

  1. 3. C’était en 1674 que le P. Malebranche avait publié son principal ouvrage la Recherche de la vérité.
  2. 4. Peut-être la Bible de Royaumont dont il a été parlé un peu plus haut. Voyez p. 42, note 3.
  3. 5. S’agit-il encore ici de la traduction de Josèphe, ou bien cela s’applique-t-il à l'Histoire de l’Ancien Testament, tirée de l’Écriture sainte, ouvrage posthume qui venait d’être publié en 1675 ? Au reste, les Œuvres diverses d’Arnaud d’Andilly (3 vol. in-folio) avaient été publiées en 1675, l’année même qui suivit sa mort, et cette édition se trouvait sans doute à Livry.
  4. 6. C’est le traité de Sanders intitulé de Schismate Anglicano, dont Maucroix, chanoine de Reims, venait de donner une traducton, imprimée à Paris en juin 1676 et en Hollande l’an 1683. — L’ouvrage original avait paru en 1585, et il en existait déjà une traduction française, publiée en 1587.
  5. 7. Ménage avait publié en 1672 ses Observations sur la langue francoise et le P. Bouhours, en 1674, ses Doutes sur la langue françoise proposés à Messieurs de l’Académie française par un gentilhomme de province. L’année suivante, Ménage fit paraître la seconde édition de ses Observations, et Bouhours ses Remarques nouvelles, où il raille en divers endroits Ménage, qu’il avait déjà critiqué çà et là dans les