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Mme de Soubise est partie pour aller à Lorges : ce voyage fait grand honneur à sa vertu : on dit qu’il y a eu un bon raccommodement, peut-être trop bon. M. le maréchal d’Albret a laissé cent mille francs à Mme de Rohan : cela sent bien la restitution. Adieu, ma très-chère enfant.

Mon fils me mande que les ennemis ont été longtemps fort près d’eux : M. de Schomberg s’est approché, ils se sont reculés ; il s’est encore approché, ils se sont encore reculés ; enfin ils sont à six lieues, et bientôt à douze[1] ; je n’ai jamais vu de si bons ennemis, je les aime tendrement ; voyez la belle chose d’abuser des mots : je n’ai point d’autre manière pour vous dire que je vous aime que celle dont je me sers pour les confédérés. Mille compliments à tous les Grignans, à tous les la Gardes et à Roquesante, car il est unique en son espèce[2]


577. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Livry, mercredi 16e septembre.

À quoi pensez-vous, ma fille, d’être en peine de cette poudre du bonhomme que j’ai prise ? Elle m’a fait des merveilles de tous les côtés, et quatre heures après, je ne m’en sens pas. Ce remède terrible pour tout le monde est tellement apprivoisé avec moi, et nous avons si bien fait connoissance en Bretagne, que nous ne cessons de

  1. 19. La Gazette du 19 septembre rapporte que durant toute la marche de notre armée il n’y eut qu’une escarmouche d’une heure. Le 11, à la date de notre lettre, le maréchal de Schomberg campa à Monstiers, sur la Sambre, entre Namur et Charleroy.
  2. 20. Cette dernière phrase manque dans l’édition de 1754. — Pour Roquesante, voyez tome II, p.544 et 545, note 3.