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1676 avez donc repris les libertés que nous prenions à Grignan[1] ; quel tourment nous lui faisions sur ces contes, que M. de Grignan disoit qu’il pouvoit porter partout, sans craindre la gabelle ! Jamais je n’ai vu un homme entendre si parfaitement bien raillerie. Mme Cornuel dit que M. de Ventadour, qui ne l’entend pas si bien[2], a mis un bon suisse à sa porte, en donnant, à ce que l’on dit, une belle maladie à sa pauvre femme.

Il y eut l’autre jour une vieille décrépite qui se présenta au dîner du Roi : elle faisoit frayeur. Monsieur la repoussa, en lui demandant ce qu’elle vouloit : « Hélas ! Monsieur, lui dit-elle, c’est que je voudrois bien prier le Roi de me faire parler à M. de Louvois. » Le Roi lui dit : « Tenez, voilà Monsieur de Reims qui y a plus de pouvoir que moi[3]. Cela réjouit fort tout le monde. Nanteuil[4], d’un autre côté, prioit Sa Majesté de commander à M. de Calvo de se laisser peindre. Il fait un cabinet où vous voyez bien qu’il veut lui donner place, et lui s’inquiète fort peu d’y être placé. Tout ce que vous avez

    de la Haye et de Rouen (1726), cette lettre ne commence qu’à la sixième ligne : « Mme Cornuel dit, etc. » Elle ne se trouve pas à part dans l’édition de 1734, qui, à partir de ces mêmes mots, l’a réunie à la lettre du 8 septembre (voyez la note précédente).

  1. 2. « Dont nous usions l’année que j’étois à Grignan. » (Édition de 1754.)
  2. 3. L’édition de Rouen (1726) et la première de Perrin (1734) portent : « Mme Cornuel dit que M. de V*** (M. de*** sans initiale, dans l’édition de 1734) ne l’entend pas si mal, puisqu’il a mis, etc. » Dans sa seconde (1754), le chevalier a modifié ainsi la phrase : « Nous pensons que M. de V*** ne l’entend pas si bien, lui qui, à ce que dit Mme Cornuel, a mis, etc. » — Voyez la Notice, p. 215 et 216, et pour Mme Cornuel, tome IV, p. 413, note 2.
  3. 4. « Qui le peut mieux que moi. » (Édition de 1754. »
  4. 5. Homme célèbre pour les portraits en pastel et pour la gravure. Note de Perrin, (17S4.) — Nanteuil, né à Reims en 1630, mourut à Paris en 1678. Il avait fait le portrait de Mme de Sévigné.