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1679

* 729. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE DE GUITAUT.

À Paris, mardi 12e septembre.

Mon pauvre Monsieur, je suis dans une douleur qui me fait un mal étrange : ma fille s’en va demain sans remise[1] ; ils prennent l’eau jusques à Auxerre, où ils arriveront samedi, et font leur compte qu’ils seront lundi à dîner à Rouvroy[2], et que c’est là où vous devez les venir voir, et leur pardonner de ne point aller à Époisse dans l’embarras où ils sont. Il viendra quelque autre année où ils seront plus légers. La santé de ma fille me fait toujours trembler ; et cette inquiétude, jointe à l’absence d’une créature que j’aime si parfaitement, me met dans l’état que vous pouvez vous imaginer. Vous avez offert tant de choses pour leur commodité, que je suis persuadée que vous voudrez bien mener votre litière à Rouvroy, et l’obliger à la prendre pour la mener jusqu’à Chalon. Ce sera une commodité pour elle, qui lui conservera la vie, et je réponds pour vous que vous en serez fort aise. Trouvez-vous donc à Rouvroy lundi matin 18e de ce mois ; ayez cette litière si secourable, et donnez-leur la joie et la consolation de vous voir. Le temps sera un peu court pour causer, mais vous irez achever cette visite à Grignan. Moins on est accoutumé dans la province, et moins on s’y plaît. La pensée d’aller passer l’hiver à Aix donne plus de peine que le séjour de Grignan ; d’un

  1. Lettre 729 (revue sur l’autographe). — 1. Mme de Grignan, arrivée à Paris en novembre 1677, repartit le mercredi 13 septembre 1679 pour la Provence. Voyez ci-dessus, p. 379, note 16, p. 387, note 1, et le commencement de la lettre du 27 septembre suivant.
  2. 2. Rouvray (dans l’autographe Rouvroy), canton de Ligny-le-Château, arrondissement d’Auxerre, à deux lieues et demie d’Époisse.