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1679 de notre bon abbé de Coulanges fût tout chaud[1] et que ce fût même cette Éminence qui nous décidât pour nous tirer de la cruelle Faculté, en protestant que s’il avoit un seul accès de fièvre, il enverroit[2]. querir ce médecin anglois. Sur cela il tombe malade, il demande ce remède ; il a la fièvre, il est accablé d’humeurs qui lui causent des foiblesses, il a un hoquet qui marque la bile dans l’estomac. Tout cela est précisément ce qui est propre pour être guéri et consommé par le remède chaud et vineux de cet Anglois. Mme de la Fayette, ma fille et moi, nous crions miséricorde, et nous présentons notre abbé ressuscité, et Dieu ne veut pas que personne décide ; et chacun, en disant : « Je ne veux me charger de rien, » se charge de tout ; et enfin M. Petit, soutenu de M. Belay, l’ont[3] premièrement fait saigner quatre fois en trois jours, et puis deux petits verres de casse, qui l’ont fait mourir dans l’opération, car la casse n’est pas un remède indifférent quand la fièvre est maligne. Quand ce pauvre cardinal fut à l’agonie, ils consentirent qu’on envoyât querir l’Anglois : il vint, et dit qu’il ne savoit point ressusciter les morts. Ainsi est péri devant nos yeux cet homme si aimable et si illustre, que l’on ne pouvoit connoître sans l’aimer.

Je vous mande tout ceci dans la douleur de mon cœur, par cette confiance qui me fait vous dire plus qu’aux

    tulé : Remède anglois pour les fièvres. Voyez le Dictionnaire universel de médecine, traduit de l’anglais de M. James, tome V, p. 1017. Voyez aussi dans la Correspondance de Bussy, la lettre de Mme de Scudéry du 14 novembre 1680 ; Walckenaer, Histoire de la Fontaine, édition de 1824 p. 320 et suivantes, et plusieurs couplets en l’honneur de Talbot placés par M. Paul Lacroix dans les Œuvres inédites attribuées à la Fontaine, p. 159-161.

  1. 2. Il y a ainsi tout chaud (chaut), au masculin, dans l’autographe.
  2. 3. Dans l’autographe : envoiroit
  3. 4. Le verbe est au pluriel dans l’autographe.