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1679 jugement fut rendu, conforme aux fins de la requête de la dame marquise de Coligny.

Ces deux mots ont été un peu étendus, Madame ; mais je le donne aux plus habiles courtisans de dire en moins de paroles les choses que je viens de vous dire.

J’allai hier à Autun voir mes filles de Saint-Julien[1] ; j’appris que l’évêque notre ami[2] y étoit arrivé de la veille ; je lui envoyai faire compliment. Il me vint voir, et nous nous donnâmes rendez-vous à dîner chez lui le lendemain, pour nous entretenir à fond. J’en viens, et il m’a conté tout ce que vous me mandez. Mais pour répondre à ce que vous me dites qu’il approuve la lettre que j’ai écrite au Roi, je vous dirai que c’est le succès qui le fait parler ainsi ; car lorsque je la lui montrai un peu avant que de l’envoyer[3] il en improuva une partie par son silence ; et à l’endroit où je demande au Roi de me laisser en exil toute ma vie, pour rendre les belles vérités que j’avois à dire de lui moins suspectes de flatterie, il me dit que Sa Majesté ne me prendroit que trop tôt au mot, comme si elle n’attendoit que mon consentement pour cela.

Il ne me parla point de la résistance que Monsieur le Prince apportoit à recevoir mes respects, sachant bien,

  1. 5. Voyez la Généalogie, tome I, p. 342 et 343.
  2. 6. Les mots « notre ami » ne se trouvent pas dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale, non plus que, deux lignes plus bas : « chez lui, » et quatre lignes après : « je vous dirai que. »
  3. 7. Voici quelle est la fin du paragraphe dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale : « car lorsque je la lui montrai quelque temps avant que de l’envoyer, il avoit bien envie de n’en pas approuver la matière, disant que le Roi ne me prendroit que trop tôt au mot, quand je lui demandois de me laisser en exil toute ma vie, comme si Sa Majesté n’attendoit que mon consentement pour cela. Je vous assure qu’il me fit pitié de n’entendre pas toute la finesse de ma lettre. » À la troisième ligne du paragraphe suivant, les mots « à mon avis » manquent dans ce manuscrit.