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1679 sement, je trouvai cette pensée la plus belle du monde, je la fis approuver à l’abbé, de sorte, Madame, qu’il ne faut pas qu’il partage avec moi ni la louange ni le blâme. Je vois bien que votre bon naturel vous portera plutôt à ce dernier ; il faut souffrir de sa souveraine.

Adieu, Madame ; adieu, Monsieur. Cette comtesse de Grignan se porte un peu mieux ; nous vivons au jour la journée, sans rien voir de net dans l’avenir ; vous pouvez penser ce que je souhaiterois ; mais vous pouvez penser aussi ce que les affaires ont accoutumé de déranger.

Vous savez le mariage d’Espagne[1]et la plaisante charge qu’on donne à Mlle de Grancey[2], qui lui donnera pourtant un nom et un établissement. On ne dit rien encore du mariage de Monsieur le Dauphin[3] ni des chevaliers[4]. Que dites-vous des Bellefonds et Saint-Géran[5],

  1. Marie-Louise, fille de Monsieur et de Madame Henriette d’Angleterre, née le 27 mars 1662, épousa le 31 août 1679 le roi d’Espagne Charles II, dont elle fut la première femme. Elle mourut dix ans après, sans postérité. Voyez dans la Correspondance de Bussy la lettre du marquis de Trichateau, du 31 août 1679. — Dans un numéro extraordinaire du 12 septembre suivant, la Gazette décrit les cérémonies du mariage, qui fut célébré à Fontainebleau. Le prince de Conti représentait le roi d’Espagne.
  2. De dame d’atour de la nouvelle reine d’Espagne. Voyez tome III, p. 10, note 19.
  3. Le Dauphin avait alors un peu plus de dix-sept ans et demi. C’est en 1679 que s’acheva son éducation. Il épousa le 7 mars 1680 Marie-Christine, fille de l’électeur de Bavière.
  4. Le bruit courait-il que pour célébrer la majorité et le mariage du Dauphin, le Roi ferait des chevaliers du Saint-Esprit ? Cela paraît assez vraisemblable ! Il n’y avait plus eu de grande promotion dans l’Ordre depuis celle de 1661. Voyez la lettre du 20 octobre 1679. — On peut croire aussi que Mme de Sévigné veut parler de ceux qui devaient bientôt composer la maison du Dauphin, et dont quelques-uns furent appelés menins (d’un nom tout nouveau et encore inconnu au temps de cette lettre) : voyez la lettre du 21 février suivant.
  5. Le maréchal fut en effet nommé, mais non Saint-Géran. Voyez les lettres du 25 décembre et du 10 janvier suivants.