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1679

720. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DE CORBINELLI AU COMTE DE BUSSY RABUTIN ET À MADAME DE COLIGNY.

Trois semaines après que j’eus écrit cette lettre, je reçus celle-ci de Mme de Sévigné.
À Paris, ce 27e juin 1679.

de madame de sévigné.

Je n’ai pas le mot à dire à tout le premier article de votre lettre, sinon que pour Livry c’est[1] mon lieu favori pour écrire. Mon esprit et mon corps y sont en paix, et quand j’ai une réponse à faire, je la remets à mon premier voyage. Mais j’ai tort, cela fait des retardements dont je veux me corriger. Je dis toujours que si je pouvois vivre seulement deux cents ans, je deviendrois la plus admirable personne du monde. Je me corrige assez aisément[2], et je trouve qu’en vieillissant même j’y ai plus de facilité. Je sais qu’on pardonne mille choses aux charmes de la jeunesse qu’on ne pardonne point quand ils sont passés. On y regarde de plus près ; on n’excuse

    ci-dessus, p. 337, note 7 et p. 335, note 1. Contrairement à ce qui est dit dans cette dernière note, empruntée à l’édition de 1814, nous ne serions pas éloignés de croire que la très-bonne était comme la Beauté une des filles du comte de Guitaut : elles sont bien souvent nommées ensemble et avec la même familiarité ; Mme de Sévigné aurait sans doute marqué quelque respect à la vieille mère du comte de Guitaut. Si Mme de Sévigné distingue la très-bonne du petit peuple (plus haut, p. 386), c’est qu’elle était sans doute la plus grande des petites filles, qu’on lui faisait déjà dire ses prières (p. 335), et peut-être chanter quelques petits airs, qu’elle parlait avec des tons de voix ou même avec une raison dont Mme de Sévigné avait été charmée (p. 437).

  1. Lettre 720. — 1. Le manuscrit que nous suivons nldporte par erreur : «  c’est que mon lieu. »
  2. 2. « Assez facilement, ».(Manuscrit de la Bibliothèque impériale )