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1679 Ils vouloient partir dans quinze jours, mais je viens de les arrêter, en leur disant que nous partirons tous le 16e d’août, eux pour Provence, moi pour Bretagne, et qu’il seroit malhonnête de me quitter pour si peu de temps ; ainsi nous passerons l’été ensemble : chi ha tempo ha vita[1] ; l’étoile n’est point pour les voyages cette année. Toute la cour est ici arrêtée par une puissance occulte ; je voudrois que malgré cette disposition du ciel, vous vinssiez faire quelque tour ici, comme vous faites quelquefois ; nous vous recevrions encore à Livry. Je vous conjure, en attendant, de prier de ma part M. Gauthier de vouloir bien régler avec Boucart[2] toutes les prétentions de dommages et intérêts qu’a la Maison, et qui lui servent d’un prétexte admirable pour ne me point donner d’argent : ordonnez un peu, comme seigneur de toute la contrée, que ce différend se juge, et que M. Gauthier prenne cette peine. J’envoie ma procuration à Boucart. Adieu, Monsieur : quand notre commerce finiroit par le recommencement de celui de ma fille, je vous supplie que notre amitié ne finisse pas ; elle durera de mon côté tout autant que moi ; je pense que vous n’en desirez pas davantage. Je n’oublierai jamais Époisses, ni les Beautés et Bontés[3], dont j’étois aussi contente qu’elles l’étoient de mon humeur.

M. Rabutin Chantal.


Suscription : À Monsieur Monsieur le comte de Guitauld, chevalier des ordres du Roi, en son château, à Époisses, par Semur.

  1. 3. Qui a temps a vie, c’est-à-dire, comme l’explique le Dictionnaire de la Crusca, « avec le temps, le sort peut changer. »
  2. 4. Homme d’affaires ou conseil, dont le nom reviendra souvent et se trouve déjà ci-dessus, p. 435. Pour Gauthier et la Maison, voyez plus haut, p. 386, notes 2 et 3.
  3. 5 Ces deux mots sont ainsi au pluriel dans l’autographe.Voyez