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Chaseu ; ce n’est que deux journées de plus : nous y définirons tout le monde. On me mande qu’on se réjouit fort à Saint-Germain, et qu’on y a grande peur de Pâques : cela peut aussi bien regarder les nouvelles que les anciennes amours[1].


716. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE DE BUSSY RABUTIN ET À MADAME DE COLIGNY.

Près de trois mois après que j’eus écrit cette lettre, je reçus celle-ci de Mme de Sévigné.
À Livry, ce 29e mai 1679.

Que dit-on quand on a tort ? Pour moi, je n’ai pas le mot à dire ; les paroles me sèchent à la gorge : enfin je ne vous écris point, le voulant tous les jours, et vous aimant plus que vous ne m’aimez : quelle sottise de faire si mal valoir[2] sa marchandise ! car c’en est une très-bonne que l’amitié, et j’ai de quoi m’en parer quand je voudrai mettre à profit tous mes sentiments. Il y a dix jours que nous sommes tous à Livry par le plus beau temps du monde ; ma fille s’y portoit assez bien ; elle vient d’en partir avec plusieurs Grignans ; je la suivrai demain. Je voudrois bien qu’elle me demeurât tout l’été ; je crois que sa santé le

  1. 11. On ne faisait encore que soupçonner les nouveaux sentiments du Roi, et l’on ne pouvait juger si Mme de Montespan ne reprendrait pas son premier ascendant. « Je ne saurois que vous dire des amours du Roi, écrivait Mme de Scudéry à Bussy, le 28 avril 1679 ; il est dehors, il est dedans, il n’y a rien d’assuré. Cependant, sans sa rechute de 1676, il y auroit lieu de croire qu’il a quitté Mme de Montespan. Mais après cela comment en pourroit-on juger, que l’intéressé ne sauroit en assurer lui-même ? »
  2. Lettre 716. — 1. Dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale : «  de savoir si mal faire valoir. » Quatre lignes plus bas, après les mots : « s’y portoit assez bien, » ce manuscrit seul donne la fin de la phrase : « elle vient d’en partir, etc. »