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1679 prit, de son courage, de sa tendresse pour vous, de vos amusements communs ; car vous êtes chargés l’un de l’autre. Vos définitions nous ont charmés[1], ou pour mieux dire, la manière dont vous avez entendu et corrigé et augmenté celles de notre ami Corbinelli.


de corbinelli[2].

Je me suis mis dans la tête d’avoir des idées fixes et claires d’un grand nombre de choses dont on parle sans les entendre. Je ne puis plus souffrir qu’on dise qu’un tel est honnête homme, et que l’un conçoive sous ce terme une chose, et l’autre une autre. Je veux qu’on ait une idée particulière de ce qu’on nomme le galant homme, l’homme de bien, l’homme d’honneur, l’honnête homme ; qu’on sache ce que c’est que le goût, le bon sens, le jugement, le discernement, l’esprit, la raison, la délicatesse, l’honnêteté, la politesse, la civilité. Or de la façon que vous vous y prenez, Monsieur, vous êtes mon homme, et Mme de Coligny celle qu’il me faut. Ne vous amusez pas à former vos définitions sur l’usage de parler ; car la plupart des termes deviennent synonymes par là. Les conversations ne permettent pas qu’on soit fort exact ni fort régulier dans le choix des paroles. Ce seroit une géhenne[3] pédante ; mais je prétends qu’on se jette dans la rigueur quand il est question de définir au vrai. J’ai choisi cent maximes de M. de la Rochefoucauld sur lesquelles je fais des remarques pour les bien faire

  1. 16. Les deux manuscrits portent charmé, sans accord.
  2. 17. Dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale, cette apostille est précédée de ces mots : « Ensuite de cette lettre, Corbinelli écrivit ceci. »
  3. 18. C’est la leçon du manuscrit de la Bibliothèque impériale ; le nôtre porte contrainte.