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1676 qui me conseille de mettre mes mains dans la vendange, et puis une gorge de bœuf, et puis, s’il en est encore besoin, de la moelle de cerf, et de la reine d’Hongrie. Enfin je suis résolue à ne point attendre l’hiver, et à me guérir pendant que la saison est encore belle. Vous voyez bien que je regarde ma santé comme une chose qui est à vous, puisque j’en prends un soin si particulier.


de madame de coulanges.

Avouez, Madame, que j’ai un beau procédé avec vous. Je vous ai écrit de Lyon, point de Paris ; je vous écris de Livry ; et ce qui me justifie, c’est que vous vous accommodez de tout cela à merveilles : un reproche de votre part m’auroit charmée ; mais vous ne profanez pas les reproches aux pauvres mortelles. Nous menons ici une vie tranquille : recommandez bien à Mme de Sévigné le soin de sa santé : vous savez qu’elle n’aime point à vous refuser ; elle ne va guère au serein. Elle est soutenue de l’espérance de votre retour :  ; pour moi, je le souhaite en vérité plus vivement qu’il ne m’appartient. Vous êtes si bien informée des nouvelles, que je ne m’amuserai pas à vous en conter. Le Roi est bien heureux ; il me semble qu’il ne pourroit souhaiter de l’être encore davantage. Adieu, Madame ; vous êtes attendue avec toute l’impatience que vous méritez : voilà qui est au-dessus de toute exagération. Barrillon ne trouve que l’abbé de la Trappe[1] digne de lui, quand vous êtes en Provence. Écoutez bien M. de Brancas, il vous va dire ses raisons.

  1. 11. Voyez tome II p.114, note 6.