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en 1664[1] bien au-dessous de lui, il doit être au désespoir ; mais que s’il me regarde, moi, il doit être bien consolé de voir que le Roi lui donne deux cent mille écus d’une charge qui ne lui a coûté que trois cent mille livres ; qu’il est chevalier de ses ordres, et qu’il est encore gouverneur d’Àigues-Mortes, et qu’après que j’ai servi dans de grands emplois fort longtemps, j’ai cent mille écus moins que je n’avois quand j’entrai dans le service. Voilà un moyen que je lui donne d’être heureux, et pour moi, tout malheureux que je suis, j’adoucis mes maux par les réflexions que je fais sur la fortune de beaucoup de gens qui sont encore plus misérables.

Adieu, Monsieur : Mme de Coligny et moi vous aimons toujours à qui mieux mieux.


1678

* 711. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN[2].

J’ai mal dormi : vous m’accablâtes hier au soir, je n’ai pu supporter votre injustice. Je vois plus que les autres toutes les qualités admirables que Dieu vous a données :

  1. 5. Époque de la disgrâce de Vardes.
  2. Lettre 711 (revue sur l’autographe). — 1. Nous plaçons ici de suite trois lettres écrites pendant un séjour de Mme de Grignan à Paris ; les mésintelligences qu’elles trahissent se sont renouvelées souvent, et on peut hésiter pour les deux premières entre les années 1674, 1677, 1678 et 1679 (voyez la Notice, p. 181 et 182 ; 222 et suivantes ; 237 ; 240 et 241 ; voyez encore tome III, p. 409, la lettre 382, dont la date aussi n’est guère certaine) ; nous croyons cependant qu’après avoir lu les lettres de Mme de Sévigné à sa fille qui suivent leur séparation de septembre 1679, on trouvera très probable pour les trois lettres la date de 1678 ou de 1679, et nous les insérons entre ces deux années — Comparez particulièrement la lettre 711 à celle du 18 septembre 1679.