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1676 bon succès ; l’abbé de Calvo[1] étoit avec lui : Sa Majesté l’embrassa tout transporté de joie, et lui a donné une abbaye de douze mille livres de rente, vingt mille livres de pension à son frère et le gouvernement d’Aire, avec mille et mille louanges qui valent mieux que tout. C’est ainsi que ce grand siège de Maestricht est fini et que Pasquin[2] n’est qu’un sot.

Le jeune Nangis épouse la petite de Rochefort[3] : cette noce est triste, car effectivement la maréchale est jusqu’ici très-affligée, très-malade, très-changée ; elle n’a pas mangé de viande depuis que son mari est mort : je tâcherai de faire continuer cette abstinence[4]. J’ai fort causé avec le bon d’Hacqueville et Mme de Vins ; ils m’ont paru tout pleins d’amitié pour vous ; ce ne vous est pas une nouvelle, mais on est toujours fort aise d’apprendre que l’éloignement ne gâte rien. Nous nous réjouissons par avance de vous attendre le mois prochain ; car enfin nous sommes au mois de septembre, et le mois d’octobre le suit.

J’ai pris de la poudre du bonhomme : ce grand remède, qui fait peur à tout le monde, est une bagatelle pour moi ; il me fait des merveilles. J’avois auprès de moi mon joli médecin, qui me consoloit beaucoup : il ne me dit pas une parole qu’en italien il me conta pendant toute l’opération mille choses divertissantes : c’est lui

  1. 7. Frère du défenseur de Maestricht.
  2. 8. Voyez la lettre du 26 août précédent, p. 36.
  3. 9. Marie-Henriette d’Aloigny de Rochefort, fille du maréchal de tochefort, mort le 23 mai précédent, fut mariée, le 14 septembre 1676, à Louis-Fauste de Brichanteau, marquis de Nangis, colonel du régiment royal de la Marine, son cousin germain. Nangis mourut en 1690, à trente-deux ans, d’une blessure reçue en Allemagne, et sa veuve épousa Charles de la Rochefoucauld de Roye, comte de Blanzac.
  4. I0. Voyez tome IV, p. 46, note 7.