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1678 sommes encore ici avec notre cher ami. En vérité nous y pensons fort souvent à vous ; et quand on vous connoît, et qu’on vous aime comme nous faisons, on ne peut jamais oublier votre sorte d’esprit. Je vous recommande l’un à l’autre, Monsieur le Comte et Madame la Marquise. Parlez souvent ensemble, afin de ne point oublier votre langue : c’est ce qui vous a si bien préservés jusques ici de la moisissure qui arrive quasi toujours en province : tant que vous serez ensemble, vous en serez fort exempts.

Vous ai-je écrit depuis ce combat de M. de Luxembourg ? Il me semble que non ; quoi qu’il en soit, je ne vous en dirai que ce que vous apprendra ce petit couplet :

Luxembourg, dînant en paix
3emAvec sa phalange,
Trouva, dit-on, fort mauvais,
3emEt le cas étrange,
De voir à son entremets
3emLe prince d’Orange[1].

Au reste, M. de Lameth a gagné son procès. Il a permission de prouver qu’il est cocu ; mais sa femme prétend se justifier, et faire voir clair comme le jour qu’il est impuissant ; et quand on lui dit qu’elle a eu un enfant, elle répond que ce n’étoit point de lui. M. de Montespan a paru à l’audience pour soutenir M. d’Albret. On y at-

  1. 9. Le manuscrit de la Bibliothèque impériale omet ce couplet et termine le paragraphe d’une manière toute différente : « Il me semble qu’oui ; à tout hasard, il vaut mieux ne vous en rien dire que de recommencer. » À la cinquième ligne de l’alinéa suivant, ce manuscrit porte : « elle assure, » au lieu de : « elle répond. » Deux lignes plus loin, il retranche un membre de phrase et donne simplement : « mais il mourut ce jour-là d’un mal dont sa femme se porte fort bien. » — Le couplet sur Luxembourg et le prince d’Orange se trouve au tome II, p. 171, du Nouveau siècle de Louis XIV ou poésies, anecdotes, etc., recueil que nous avons déjà cité plusieurs fois.