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1678

702. — DU COMTE DE BUSSY RABUTIN À MADAME DE SÉVIGNÉ.

Le lendemain du jour que je reçus cette lettre, j’y fis cette réponse.
À Chaseu, ce 2e septembre 1678.

Mon fils est avec son régiment[1] aux environs de Maestricht, Madame, avec le régiment de Tavannes et celui de Courtebonne[2], où le maréchal de Schomberg les a laissés. Vous m’avez fait un très-grand plaisir de me mander les hasards et la gloire de M. de Sévigné ; je comprends fort bien l’un et l’autre, et je vous en félicite de tout mon cœur ; si la paix duroit, elle lui feroit plus de tort qu’à beaucoup d’autres, car il s’avanceroit fort vite, s’il lui arrivoit quelque autre heureuse aventure comme celle-ci ; mais ne trouvez-vous pas que le canon le cherche ? C’est, je crois, la seule bataille qu’on ait jamais donnée en temps de paix ; ma fille de Coligny dit que c’est le goupillon de cette guerre.

Au reste, Madame, je ne sais qui vous a dit que nous ne nous divertissions pas bien quand nous sommes à Bussy ; nous nous voyons très-souvent M. de Trichateau et moi[3] : c’est un fort honnête homme, avec qui on peut

  1. Lettre 702. — 1. Voyez ci-dessus, p. 390, note 6.
  2. 2. Mme de Sévigné, dans la lettre du 28 janvier 1689, parle du vieux Courtebonne, qui fut lieutenant de Roi à Calais, puis gouverneur de Hesdin après son fils, et mourut en septembre 1695 ; son fils, le marquis de Courtebonne, qui probablement commandait le régiment, devint visiteur de la cavalerie en 1694, maréchal de camp en 1696, lieutenant général en 1702, inspecteur de la cavalerie l’année suivante, et mourut en février 1705.
  3. 3. À la suite de ces mots, on lit dans l’édition de 1818 et dans plusieurs autres : « Vous savez qu’il est de la maison du Châtelet, mais je ne sais si vous savez que c’est un des plus honnêtes hommes de France, avec qui, etc. »