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1678 et M. de Guitaut. Sa femme a bien de l’esprit ; ma nièce[1] se trouveroit très-bien de cette société ; vous n’avez nul chagrin les uns contre les autres. Quand vous allez à Forléans, il est tout naturel d’aller à Époisse[2], et puis vous verrez comment vous vous accommoderez ensemble. Je sais que s’il vous rencontre, il vous embarrassera par ses honnêtetés, et par la manière dont il vous témoignera l’envie qu’il a d’être de vos serviteurs et de vos amis. Eh mon Dieu ! a-t-on trop bonne compagnie dans les provinces, qu’il faille s’ôter ceux avec qui nous parlerions notre langue, et qui nous entendroient fort bien ? Il me semble que vous et Mme de Coligny devriez aimer ceux qui sauroient ce que vous valez. La fantaisie m’a pris de vous mander ceci : quelquefois il ne faut rien pour rompre une glace ; j’ai entrepris de vous faire amis, d’autant plutôt qu’il me semble qu’une telle négociation est de ma force, ou je suis bien foible : c’est à vous deux à me dire ce que vous pensez là-dessus. Je voudrois que, sans rebattre les lanterneries du passé, cela se fît de galant homme, avec cette grâce que vous avez quand il vous plaît. Si mes desseins en cela réussissoient, je suis assurée que vous me remercieriez tous deux.

  1. 9. Dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale, on lit en marge, écrit d’une autre main : « Mme de Coligny » ; à l’avant-dernière ligne de la lettre, en cela manque.
  2. 10. Forléans est à une lieue d’Époisse, à mi-chemin d’Époisse et de Bourbilly. Le château n’est plus aujourd’hui qu’une ferme, qui consiste en une vieille tour ruinée et un petit corps de logis. Dès le temps de Bussy, il devait être peu habitable.