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1678 on peut revenir de ces occasions si chaudes et si longues, où l’on n’a qu’une immutabilité qui vous fait voir la mort mille fois plus horrible que quand on est dans l’action[1], et qu’on s’occupe à battre et à se défendre.

Voilà l’aventure de mon pauvre fils ; et c’est ainsi que l’on en usa le propre jour que la paix commença. C’est comme cela qu’on pourroit dire de lui plus justement qu’on ne disoit de Dangeau :

Si la paix dure encor dix ans,
Il sera maréchal de France[2].

Au reste, mon cousin, je crois que vous ne savez pourquoi vous ne vous donnez point les uns aux autres le plaisir d’une bonne compagnie, dans la province, entre vous

  1. 7. « Dans le mouvement ». (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.) À la troisième ligne du paragraphe suivant, ce manuscrit porte : « qu’on pouvoit. »
  2. 8. Allusion à un sonnet satirique qui fut fait contre Dangeau ; on le trouve dans un Recueil de pièces curieuses imprimé à la Haye, 1696, tome V, p. 704 ; mais Dangeau n’y est pas nommé. Le voici avec quelques différences empruntées d’un ancien manuscrit, dans lequel cette pièce porte le nom de Dangeau :

    Être dans les plaisirs du Roi,
    Du jeu, du bal et de la chasse,
    Faire exercice en bel arroi,
    Monter quelquefois sur Parnasse ;

    Donner tout à l’ambition,
    Cajoler la blonde et la brune,
    N’avoir point de religion
    Quand il s’agit de sa fortune ;

    Devenir chef d’un régiment, (du régiment du Roi.)
    Acheter un gouvernement, (celui de Touraine.)
    Se voir cordon bleu d’espérance : (il fut promu en 1688.)

    Dangeau, par des hasards si grands,
    Si la paix dure encor dix ans,
    Tu seras maréchal de France.
    (Note de l’édition de 1818.)