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1678

701. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE DE BUSSY RABUTIN.

Quinze jours après que j’eus écrit cette lettre, je reçus celle-ci de Mme de Sévigné.
À Livry, ce 23e août 1678.

est votre fils, mon cousin ? pour le mien, il ne mourra jamais, puisqu’il n’a pas été tué dix ou douze fois auprès de Mons. La paix étoit faite et signée le 9e août ; M. le prince d’Orange a voulu se donner le divertissement de ce tournoi ; vous savez qu’il n’y a pas eu moins de sang répandu qu’à Senef[1]. Le lendemain du combat, il envoya[2] faire des excuses à M. de Luxembourg, et lui manda que s’il lui avoit fait savoir que la paix étoit signée, il se seroit bien gardé de le combattre. Cela ressemble

  1. Lettre 701. — 1. « La paix, dit M, Rousset, fut signée à Nimègue, entre la France et la Hollande, le 10 août, à onze heures du soir, une heure seulement avant le terme fatal des négociations. Des courriers aussitôt furent dépêchés par tous les chemins, vers toutes les capitales et vers toutes les armées. Celui qui allait au camp du maréchal de Luxembourg, le marquis d’Estrades, y arriva le 14, entre huit et neuf heures du matin, ayant passé par Venloo, Ruremonde, Maestricht, Liége et Dinant. Celui qui se rendit au camp du prince d’Orange par une voie plus directe, par Anvers, Malines et Bruxelles, quand y arriva-t-il ? quel jour et à quelle heure ? On ne l’a jamais su. À qui, de ce courrier ou du prince d’Orange, la conscience humaine doit-elle demander compte du sang inutilement versé ? Elle ne le sait pas encore. » Voyez l’Histoire de Louvois, tome II, p. 511 et 512, et sur la bataille sanglante de l’abbaye de Saint-Denis, près de Mons, qui finit « comme celle de Senef, indécise après une lutte opiniâtre, » p. 513 et suivantes, et le numéro extraordinaire de la Gazette du 30 août.
  2. 2. « Le prince d’Orange envoya. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.) À la ligne suivante, avoit est remplacé par eût dans ce manuscrit. — Le député du prince d’Orange qui vint après la bataille avertir le duc de Luxembourg que la paix était signée depuis le 10, protesta que ce prince n’en avait rien su que depuis le combat, et qu’il fallait que le marquis de Grana eût arrêté le courrier.