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1678 paix ; mais comme on ne les a point datées, elles seront aussi bonnes au mois d’octobre qu’au mois de juillet[1].

Cela est donc heureux à vous, Madame, que ne pensant obliger qu’un honnête bourgeois de Semur, en lui donnant un bénéfice, vous m’ayez aussi fait plaisir ; car le bourgeois est mon bailli de Forléans.

Quoique je me sois quelquefois en ma vie exposé à de pareilles aventures qu’à celle[2] du marquis d’Albret[3], j’ai toujours trouvé qu’on étoit bien sot de mourir ainsi ; mais il me le paroît aujourd’hui plus qu’il n’a jamais fait[4] ; passe encore si on étoit assuré d’être aimé, mais mourir pour une guenipe !

La bonne femme Toulongeon a pris trois mois pour se résoudre à prendre votre marché ; elle est assez indifférente pour traiter ; mais son fils veut dégager Monthelon, comme vous voulez dégager Bourbilly, et je trouve qu’il a raison[5].

La petite veuve et moi parlons très-souvent de vous ; vous entendez bien que cela veut dire que nous vous admirons ; mais vous avez beau être admirable, nous ne vous aimerions pas de tout notre cœur, comme nous faisons, si nous n’étions persuadés que vous nous aimez de même.

  1. 2. « Dans le mois d’octobre que dans celui de juillet. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.).
  2. 3. « Que celles. » (Ibidem.)
  3. 4. Voyez la lettre précédente, p. 468.
  4. 5. L’édition de 1818, et celles qui en ont adopté le texte, nous offrent ici cette variante : « J’ai toujours trouvé qu’on étoit bien sot, et moi tout le premier, de hasarder de mourir ainsi ; cependant il faut que jeunesse se passe ; ces périls-là augmentent le plaisir : les uns s’en sauvent, les autres y demeurent ; passe encore, etc. »
  5. 6. Le manuscrit de la Bibliothèque impériale modifie ainsi la fin de ce paragraphe, dont il ne donne pas les derniers mots : « mais son fils veut dégager son Monthelon, comme vous voulez dégager votre Bourbilly. »