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cinquante ans sont toujours dangereuses. Je voudrois laisser passer la première année : un an de plus n’est pas grand’chose pour payer l’intérêt de vingt mille francs. Quel regret n’auriez-vous pas si Mme Frémyot venoit à mourir dans un an, et que vous eussiez donné aujourd’hui pour vingt mille francs une succession de vingt mille écus ? Croyez-moi, Madame, attendez encore ce temps-là. Pour moi, si j’avois de l’argent, je vous donnerois dix mille écus de votre dette ; car si je n’en jouissois pas, mes enfants l’auroient un jour ; mais au moins j’attendrois un an, quand je n’aurois point d’enfants.


695. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE DE BUSSY RABUTIN.

Huit jours après que j’eus écrit cette lettre, je reçus celle-ci de Mme de Sévigné.
À Paris, ce 27e juin 1678[1].

Je crois que je vous écrivois dans le temps que vous me faisiez de très-justes reproches de ne vous écrire pas. Vous avez vu comme je m’en faisois à moi-même. Vous me flattez beaucoup en me disant que plus vous devenez délicat, et plus je vous suis nécessaire. Le moyen de n’être pas sensible à cette louange si bien apprêtée ? Si vous en présentiez de pareilles à Monsieur le Prince, je crois qu’il y retrouveroit le goût qu’il avoit uniquement autrefois pour celles de Voiture.

Je vous ai mandé de mes nouvelles, et de celles de ma

  1. Lettre 695. — 1. Cette lettre est datée du 24e dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale. À la quatrième ligne du texte, ce manuscrit donne bien, au lieu de beaucoup. Trois lignes plus loin, de pareilles y est remplacé par ainsi.