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1678

693. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE DE BUSSY RABUTIN.

Trois jours après que j’eus écrit cette lettre, je reçus celle-ci de Mme de Sévigné, qui ne pouvoit pas être la réponse de la mienne, mais qu’elle m’avoit écrite de son mouvement.
À Paris, ce 20e juin 1678[1]

Quelle folie de ne vous point écrire, puisque je fais le principal, qui est de me souvenir[2] tous les jours de vous ! Quand on n’a point de bonne raison, il n’en faut dire aucune. Voilà donc la paix[3], mon cher cousin. Le Roi a trouvé plus beau de la donner cette année à toute l’Europe, que de prendre le reste de la Flandre : il la garde pour une autre fois. Êtes-vous à Chaseu, mon cher cousin, dans cet aimable lieu ? J’en ai le paysage dans la tête et je l’y conserverai soigneusement ; mais encore plus l’aimable père et l’aimable fille, qui ont leur place dans mon cœur. Voilà bien des aimables ; mais ce sont des négligences dont je ne puis me corriger. J’espère que si mes lettres méritoient d’être lues deux fois, il

  1. Lettre 693 — 1. Cette lettre, comme la précédente, est datée du 14e dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale.
  2. 2. « En me souvenant. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.) Le même manuscrit porte, à la ligne suivante : « il n’en faut point dire » ; deux lignes après : « à toute la chrétienté. » Il ajoute, à la fin de cette phrase, à la suite des mots pour une autre fois : « Je voudrois bien que pour achever sa gloire, il voulût que tous les exilés en fussent les témoins. Il me semble que cette pensée : pourrait finir un madrigal : je vous la recommande ; » à la ligne suivante, on lit : « dans ma tête, » pour « dans la tête. »
  3. 3. La paix de Nimègue. Il y eut trois traités séparés, dont le premier eut lieu avec la Hollande, et ne fut signé que le 10 août ; ce qui fait que, dans la lettre du 27 juillet suivant, Mme de Sévigné craignait encore la guerre. Le traité avec l’Espagne fut signé le 17 septembre, et le traité avec l’Empereur le 5 février suivant.