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1678

692. — DU COMTE DE BUSSY RABUTIN À MADAME DE SÉVIGNÉ.

Trois mois après que j’eus écrit cette lettre (No 686, p. 426), m’ennuyant de ne point recevoir de réponse de Mme de Sévigné, je lui écrivis cette lettre.
À Bussy, ce 20e juin 1678[1].

Je ne saurois plus durer sans vous écrire, c’est-à-dire sans m’attirer de vos lettres, et quoique je n’aie pu vous obliger par la dernière des miennes à me faire réponse, j’espère enfin vous toucher le cœur, sachant qu’avec la persévérance on vient à bout de toutes choses. Sérieusement, Madame, j’ai bien de la peine à me passer de votre commerce ; plus je deviens délicat, et plus vous me devenez nécessaire ; d’ailleurs je vous aime et tout ce que vous aimez. Mandez-moi de vos nouvelles et de celles de la belle Madelonne, comment elle se porte, et si elle s’en retourne en Provence, si vous n’êtes pas bien aise de la paix, où est notre ami Corbinelli, et si c’est lui qui fait le mariage de Mlle de Tardes[2].

On m’a mandé la mort de Mme de Monaco et que le maréchal de Gramont lui a dit, en lui disant adieu, qu’il falloit plier bagage, que le comte de Guiche[3] étoit allé marquer les logis, et qu’il les suivroit bientôt : ne trouvez-vous pas, Madame, que les plaisanteries en ces rencontres-là sont bien à contre-temps ? Pour moi, je ne les saurois souffrir[4]et quand je les passerois à ces gens qui

  1. Lettre 692 — 1 Cette lettre est datée du 14e dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale.
  2. 2. La fille unique de Vardes, Marie-Elisabeth du Bec, née le 4 avril 1661, fut mariée, le 28 juin 1678, à Louis de Rohan Chabot, duc de Rohan.
  3. 3 Le comte de Guiche était mort le 29 Novembre 1673. Voyez la lettre du 8 décembre 1673, tome III, p. 301.
  4. 4. Ce qui suit, jusqu’à la fin de la lettre, à part la dernière