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1678 étoit prisonnier de guerre, et dont le Roi a pris tous les biens par la prise de Condé, a prié le roi d’Espagne de trouver bon qu’il fût neutre. Il s’est retiré de son service, et nous lui laissons une partie de son bien. D’autres nouvelles je n’en sais pas, et je ne crois pas qu’il y en ait, car je viens de recevoir un billet de la Garde, où j’ai pris le peu que je vous en mande. Vos petites filles sont fort aises ici : je les prépare à ne pas trouver de si beaux jardins à Grignan. Nous sommes résolus, l’abbé de Coulanges et moi, de faire bâtir des chambres pour loger votre famille, qui est nombreuse et que l’on ne sait où mettre. Mandez-moi ce qui est arrivé de cette étoffe de Messine, et si vous voulez, que je vous mène Dinan. Enfin, mon cher Comte, dépêchez-vous de me donner vos ordres, car ce qui s’appelle un pied à l’étrier, c’est ce que j’ai. Si vous voyez Roquesante, faites-lui mille amitiés pour moi : je l’aime et l’honore toujours très-fort.

Je vous embrasse de tout mon cœur, mon très-cher Comte ; je suis à vous avec toute la tendresse possible ; je vous conjure d’en être bien persuadé, et de ne point changer l’opinion que vous avez d’avoir à vous seul une jolie personne. Je voudrois être aussi jolie comme il est sûr que je suis à vous. Vous ne voyez point ma fille, et cependant vous lui devez quelque amitié. J’ai envie de la voir, la pauvre petite, et Paulinotte, et mon fils, et tout notre petit ménage, à qui je pense toujours avec plaisir. Ma mère, et vos filles, et le bien Bon vous font mille amitiés, et vous assurent, c’est-à-dire vos filles, de leurs respects. Je vous quitte pour me promener au chant des

    Françoise, fille d’Alexandre, prince de Bournonville), prit le service de France, fut fait chevalier du Saint-Esprit en 1688… Il est mort à Paris en 1718, lieutenant général et gouverneur de Roye, Péronne et Montdidier, à soixante-dix-sept ans. » (Mémoires de Saint-Simon, tome X, p. 439)