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1678 Retz est arrivé tout tel qu’il est parti. Il loge à l’hôtel Lesdiguières[1]. Il est allé ce matin à Saint-Germain : il a un procès à faire juger, qui achève de payer ses dettes ; cela vaut bien la peine qu’il le sollicite lui-même. Je crois qu’il sera à Saint-Denis pendant le voyage du Roi, qui s’en va le dixième de mai[2]. Tout le monde meurt d’envie de trouver à reprendre quelque chose à cette Éminence, et il semble même que l’on soit en colère contre lui, et qu’on veuille rompre à feu et à sang. Je ne comprends point cette conduite, et pour moi, j’ai été extrêmement aise de le voir ; je ne suis point payée ni députée de la part de la forêt de Saint-Mihel pour la venger de ce qu’il n’y passe point le reste de sa vie ; je trouve que le pape en a mieux disposé qu’il n’auroit fait lui-même[3] : le

    étonna tout le monde, et dont la dame fut fort embarrassée. » — Bussy répondit le 28 : « Cela est bien imprudent à Mme de Grignan de s’exposer à recevoir un affront ; mais je ne comprends pas que le commissaire se soit contenté de la menacer et ne lui ait pas fait payer l’amende. Cette femme-là a de l’esprit, mais un esprit aigre, une gloire insupportable, et….. sottises. Elle se fera autant d’ennemis que sa mère s’est fait d’amis et d’admirateurs. » (Correspondance de Bussy, tome IV, p. 99 et 101.)

  1. Lettre 688 (revue sur l’autographe). — 1. Mme de Scudéry écrit à Bussy, le 29 avril 1678 : « Le cardinal de Retz est ici logé avec M. et Mme de Lesdiguières ; c’est une maison qui fait une grosse figure, et le seul réduit de Paris. Toute la France y est tous les soirs. » Mme de Lesdiguières était la nièce du cardinal (voyez tome III, p. 40, note 12). — Sur la magnificence de l’hôtel de Lesdiguières (qu’avait fait bâtir autrefois le financier Zamet sur l’emplacement de la rue de Lesdiguières), voyez les Mémoires de Saint-Simon, tome XIII, p. 330.
  2. 2. Le Roi, nous l’avons dit, était revenu le 7 avril à Saint-Germain, et, par une déclaration du 9 avril, il s’était engagé à ne pas reprendre le 10 mai les hostilités en Flandre. Voyez l'Histoire de Louvois par M. Rousset, tome II, p. 497 — Il repartit le 12 mai de Saint-Germain, accompagné de Monsieur, pour se rendre à la tête de son armée en Flandre : voyez la Gazette du 14 mai.
  3. 3. Voyez tomes III, p. 459, 465, 511, 512 ; IV, 166, 198, et la lettre du 27 juin suivant, p. 458.