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1676 a répondu fort plaisamment qu’il n’y avoit point présentement de logement pour les amis, qu’il n’y en avoit que pour les valets. Vous voyez de quoi on accuse cette bonne tête : à qui peut-on se fier désormais ? Il est vrai que sa faveur est extrême, et que l’ami de Quanto en parle comme de sa première ou seconde amie. Il lui a envoyé un illustre[1] pour rendre sa maison admirablement belle. On dit que Monsieur doit y aller ; je pense même que ce fut hier, avec Mme de Montespan ; ils devoient faire cette diligence en relais, sans y coucher.

Je vous remercie mille fois, ma chère enfant, de m’avoir si bien conté les circonstances d’une réconciliation où je prends tant d’intérêt, et que je souhaitois pour la satisfaction et la consolation du père, et en vérité pour l’honneur du fils, et pour pouvoir l’estimer à pleines voiles. Si les spectateurs ont eu mes sentiments, je me réjouis avec eux de la joie qu’ils ont eue.

Voilà votre lettre qui arrive tout à propos pour me faire finir celle-ci. Vous me donnez des perspectives charmantes pour m’ôter l’horreur des séparations : rien n’est si bon pour ma santé que les espérances que vous me donnez. Il faut commencer par arriver ; vous me trouverez fort différente de l’idée que vous avez de moi : ces genoux et ces mains, qui vous font tant de pitié, seront peut-être guéris en ce temps-là, et présentement peut-être que vous ne vous en apercevriez pas. Enfin, mon air délicat seroit encore la rustauderie d’un autre, tant j’avois un grand fonds de cette belle qualité. Pour Vichy, je ne doute nullement que je n’y retourne cet été. Vesou dit qu’il voudroit que ce fût tout à l’heure ; de

  1. 25. Le Nôtre. Voyez la fin de la lettre du 21 août précédent, p. 32