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1678 qui nous donne un grand air. Nous sommes comptées dans le nombre des bassettes, et par conséquent à la grand’mode. Vous ne savez pas ce que cela me fait ? C’est de vous souhaiter continuellement et de penser que vous aimeriez à revenir de bonne heure chez vous et que je vous en verrois plus souvent, Mme de Vins doit en être demain. Jusques ici nous n’avions eu que conseillers et maîtres des requêtes ; mais nous serons honorées du bel air de M. de Villars[1]. Il jouoit l’autre jour chez Mme d’Armagnac au vingt-sous ; en badinant, Biran perdit contre lui onze cent onze pistoles. Biran en paya dix et lui dit : « Reste à onze cent une pistoles. » Comme il est solvable, le petit Villars conte qu’il fit une fort bonne journée. Je voudrois bien que nous en gagnassions autant à quelque jeu que ce fût.

Je vous envoie une lettre pour l’Intendant. Je vous conjure de le bien presser d’accorder des passe-ports à ceux que vous lui nommerez ou que Janet[2] lui nommera. Ce sera une fort bonne affaire. Je vous envoie la lettre

    du 16 septembre 1680), à cause qu’il étoit trop en vogue. Il se joue avec un jeu entier de cartes que tient toujours un banquier, qui est aussi celui qui tient le fonds de l’argent du jeu pour payer. Chacun des joueurs choisit une carte, sur laquelle il couche ce qu’il veut. Le banquier tire deux cartes à la fois. Quand elles se rencontrent pareilles à celles où on a couché de l’argent, la première fait gagner le banquier, la seconde le fait perdre. On prétend que c’est un noble Vénitien qui a inventé ce jeu, et qui pour cela a été banni de Venise. Il a été introduit en France par M. Justiniani, ambassadeur de la république. » (Dictionnaire universel de Furetière.)

  1. 3. Nous ne savons trop s’il s’agit ici du marquis de Villars, d’Orondate, ou de son fils le futur maréchal. M. de Villars tout court semble désigner le père, mais un peu plus bas le petit Villars nous ferait croire que Mme de Grignan parle ici du fils : voyez tome III, p. 38, note 8 ; pour Mme d’Armagnac, tome II, p. 547, note 8 ; pour Biran, tome III, p. 109, note 5, et tome IV, p. 260, note 10.
  2. 4. Voyez tome III, p. 327, note 1.