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1678 sont naturelles, et non pas parce que je vous aime : je les estimerois quand ce seroit Mme de la Baume qui les auroit faites. Je suis bien aise que la réponse de la Hire vous ait plu ; elle sera de tous les temps ; vous avez raison[1] de dire qu’on ne parlera jamais au Roi comme la Hire fit à Charles VII[2].

Je suis ravi de la meilleure santé de la belle Madelonne ; et quand elle devroit me haïr, je ne saurois m’empêcher d’être bien aise de l’absence de son mari[3], puisqu’elle lui donne du repos qui la rétablit ; je l’aime toujours après vous plus que personne du monde.

Je ne vous déciderai pas, Madame, si le peu d’ennui que votre nièce et moi avons l’un avec l’autre, vient de notre mérite ou de notre amitié : je crois qu’il y entre un peu de l’un et de l’autre. Tenez, la voilà que je vous la livre.


de madame de coligny.

Le récit de mes amusements ne vous réjouira pas par la diversité, ma chère tante ; le seul qu’on ait ici, c’est celui de jouer deux fois le jour : je travaille, et je lis ; mais les jours d’ordinaire où nous recevons de vos lettres, ce

  1. 13. « Vous l’avez retournée sur le Roi admirablement, et il est vrai que comme Charles VII ne pouvoit pas perdre son royaume plus gaiement qu’il faisoit, Louis XIV ne peut prendre la Flandre plus agréablement qu’il fait. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.)
  2. 14. Dans le manuscrit que nous suivons, une autre main a ajouté, après Charles VII : « Il a bien plus l’air de gagner des royaumes que d’en perdre. »
  3. 15. « De l’absence de Pierre de Provence, puisqu’elle lui donne un repos, etc. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.) Le même manuscrit porte, à la fin de l’alinéa suivant : « je crois qu’il y a un peu de l’un et de l’autre. » — Pour Pierre de Provence, voyez la note 4 de la p. 517 du tome III, note dont il faut ainsi modifier la fin : « Dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale, Bussy, au lieu de Madelonne, a écrit quelquefois Maguelonne. »