1678 seu. Vos prés et votre jolie rivière[1] n’y sont-ils point encore glacés ? Vous avez assurément pris pour l’été cinq ou six jours du soleil de mars, qui vous feront bien voir, comme à nous, qu’ils n’étoient que des trompeurs.
Vous[2] me datez votre dernière lettre du 3 février : vous rêviez, mon cousin, c’est de mars, et cela étant je fais réponse assez promptement. Je ne sais comment vous pouvez aimer mes lettres ; elles sont d’une négligence que je sens, sans y pouvoir remédier. Mais cela vient de plus loin, et c’est moi que vous aimez. Vous faites très-bien, et je vous conjure de continuer, sans craindre d’aimer une ingrate.
Je vous en dis autant, ma chère nièce. Rendez-moi compte de vos amusements et de vos lectures : c’est ce qui console de tout l’ennui de la solitude. Mais peut-on vous plaindre tous deux ? Non, en vérité vous êtes en fort bonne compagnie quand vous êtes ensemble.
J’aime bien la Hire, et son discours à son maître. Il est à la mode, et d’un bon tour. Il me semble que vous auriez dit la même chose à Charles VII[3] car pour au Roi
- ↑ 12. La rivière d’Arroux.
- ↑ 13. Cette phrase n’est que dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale. Dans le même manuscrit, au commencement du paragraphe suivant, Bussy a écrit en marge : « À Mme de Coligny. » Les derniers mots du paragraphe : « quand vous êtes ensemble, » y sont omis.
- ↑ 14. L’alinéa se termine différemment dans le manuscrit de la. Bibliothèque impériale : « …que vous auriez dit la même chose à Charles VII, et que vous pourriez dire au Roi : « On ne sauroit prendre la Flandre plus agréablement que fait Votre Majesté. » À la suite de ce paragraphe on lit dans quelques éditions le passage suivant, qui ne se trouve ni dans nos deux manuscrits ni dans les anciennes im-