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moi-même de plus honorable de Louis XIV ? Ces injustices-là me dégoûtent des louanges, Madame, et j’aimerois mieux qu’on ne dit point de bien de moi, que de me confondre avec quelqu’un que je croirois indigne d’être loué.


1678

685. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE DE BUSSY RABUTIN ET À MADAME DE COLIGNY.

Un mois après que j’eus écrit cette lettre, je reçus celle-ci de Mme de Sévigné.
À Paris, ce 18e mars 1678.

Que dites-vous de la prise de Gand[1] ? Il y avoit longtemps, mon cousin, qu’on n’y avoit vu un roi de France. En vérité le nôtre est admirable et mériteroit bien d’avoir d’autres historiens que deux poètes[2] : vous savez aussi bien que moi ce qu’on dit en disant des poëtes ; il n’en auroit nul besoin : il ne faudroit ni fable, ni fiction pour le mettre au-dessus des autres ; il ne faudroit qu’un style droit, pur et net, comme j’en connois. J’ai toujours cela dans la tête, et je reprendrai le fil de la conversation avec le ministre[3], comme le doit une bonne Françoise.

Ces deux poëtes historiens suivent donc la cour, plus ébaubis que vous ne le sauriez penser, à pied, à cheval, dans la boue jusqu’aux oreilles, couchant poétiquement

    avait préparés, ou lui fournissait des notes pour en composer. (Note de l’édition de 1818.) — Voyez l’étude que M. Dreyss a placée en tête des Mémoires de Louis XIV pour l’instruction du Dauphin.

  1. Lettre 685. — 1. Gand fut investi le 3 mars ; Louis XIV arriva le 4 au camp ; le 5 on ouvrit la tranchée, et le 10 la place capitula.
  2. 2. On lit ici en marge, dans notre manuscrit, les noms de Racine et de Boileau, écrits d’une autre main que celle de Bussy.
  3. 3. Voyez la lettre du 14 janvier précédent, p. 406.