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1678 quelque temps, et comme le Gascon[1] faisoit difficulté de faire les premiers pas, l’ami commun lui représenta ma naissance, la supériorité quej’avois eue[2] sur lui pendant quelques années, et mes grands emplois ensuite. Il lui répondit qu’il en convenoit, mais que tout cela n’étoit pas si fort que le fief dominant qu’il avoit sur moi ; et comme l’autre lui rit au nez là-dessus, Guitaut lui montra une lettre que vous lui aviez écrite de Bourbiliy[3], par laquelle vous le traitiez de Monseigneur, et vous lui mandiez que pour ne pas encourir le crime de félonie, vous ne manqueriez pas de lui aller rendre au plus tôt vos devoirs. « Je sais bien, ajouta-t-il, que Mme de Sévigné badinoit, mais en badinant elle disoit la vérité, et comme je vis qu’elle en usoit honnêtement avec moi[4], je l’allai voir le premier ». L’entremetteur jugea qu’il n’y avoit rien à faire avec un homme qui parloit ainsi, et finit sur cela cette conversation. Voyez, Madame, le tort que vous m’avez fait en riant : vous m’avez ôté le plaisir et l’honneur du commerce d’un chevalier des deux ordres du Roi.

  1. 9. La famille du comte de Guitaut était originaire du Querci.
  2. 10. Les deux manuscrits ont eu, sans accord.
  3. 11. Cette lettre n’a pas été conservée, mais voyez celle du 23 décembre 1677, p. 398.
  4. 12. Avec moi manque dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale, qui donne, trois lignes plus loin « et finit la conversation en lui disant qu’il avoit raison ».