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tendres, et le bon abbé. Notre ami Corbinelli vous assure de ses obéissances et de sa fidèle amitié. Je lui ai fait part de tout ; il l’approuve et se réjouit de la compagnie[1].


676. — DU COMTE DE BUSSY RABUTIN À MADAME DE SÉVIGNÉ.

Le même jour que je reçus cette lettre, j’y fis cette réponse.
À Bussy, ce 5e janvier 1678.

Une égratignure avec du chagrin fait plus de mal que la fièvre quarte avec un esprit content d’ailleurs. Je vous parle ainsi, ma chère cousine, parce que je crois que tous les maux de la belle Madelonne viennent de sa tête. Tant qu’elle a été la plus jolie fille de France, elle a été la plus saine ; elle est encore jeune, et cela me fait assurer qu’il n’y a que son esprit qui rende ses maux incurables[2]. Son opiniâtreté en est un bon témoignage : si elle vouloit guérir, elle ne résisteroit pas aux conseils des habiles gens en ces matières. Qu’elle se retourne de bon cœur à Dieu, en lui demandant de la patience ; qu’elle aime à vivre, et à vivre gaiement : je ne lui conseille rien que je n’aie pratiqué depuis douze ans. Personne n’est plus sensible que moi, personne ne hait plus l’injustice, et personne n’en a souffert de plus grandes tant que j’ai fait le mutin contre la persécution, j’ai souffert comme un

  1. 8. La fin de la lettre, depuis : « J’embrasse, etc., » n’est que dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale.
  2. Lettre 676. — 1. « Je rencontrai l’autre jour Mme de Sévigné, en vérité encore belle. On dit que Mme de Grignan ne l’est plus, et qu’elle voit partir sa beauté avec un si grand regret que cela la fera mourir. » (Lettre de Mme de Scudéry à Bussy, du 14 juillet 1678, tome V, p. 152, de la Correspondance de Bussy.